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L’Église paroissiale Saint-Maurice de Crissay-sur-Manse a été édifiée au XVe s. par la famille Turpin, et achevée en 1527, comme en témoignent l’inscription en haut de la flèche : L’an mil cinq cent vingt et sept. Par Colin Durant et Jehan Oger fut ce plomb clochier parfaict, et la dédicace. L’église, qui dépendait du prieuré de Saint-Cosme, devint prieuré-cure en 1540 lorsque Crissay fut érigé en paroisse. Le village de Crissay doit son statut de site protégé depuis 1965 à la remarquable homogénéité de son bâti, datant essentiellement des XVe et XVIe s. et bien préservé.

A présent situé sur une place bien dégagée et arborée, l’édifice en tuffeau a longtemps été intégré dans une cour bordée par les dépendances du prieuré, dont il ne reste que l’ancien presbytère devenu mairie. Il est constitué d’une large nef de trois travées et d’un seul bas-côté, au nord. Le chœur présente un plan carré et un chevet plat, éclairé par une grande baie à remplage flamboyant. La nef est voûtée en croisée d’ogives, le chœur présente une voûte à liernes et tiercerons. Côté sud, la troisième travée est prolongée d’un clocher à plan carré muni de deux contreforts aux angles, sur lequel s’appuie une fine tourelle d’escalier à vis qui permet d’accéder aux parties supérieures ; au droit du chœur a été édifiée au XVIs. une chapelle funéraire pour la famille Turpin de Crissé, aujourd’hui à usage de sacristie. On pouvait y accéder directement depuis l’extérieur par une porte surmontée d’une coquille, murée en 1846.

La couverture en ardoise a été remaniée à plusieurs reprises. En revanche, la charpente de la nef, à chevrons formant ferme, semble d’origine. Les élévations extérieures sont marquées par une grande sobriété et par les contraintes anciennes liées à la présence des bâtiments adjacents. Ainsi, la façade ouest est un simple mur pignon, où l’ensemble du décor est concentré sur la porte décentrée en anse de panier ornée de deux pinacles et surmontée d’une niche. La petite baie en plein cintre, à remplage et deux lancettes, est alignée sur la nef qu’elle éclaire. La façade porte la trace du bâtiment qui s’y adossait.

Côté sud, le clocher est surmonté d’une flèche octogonale en pierre de taille, tandis que la tourelle d’escalier est couverte d’un petit dôme. Sa tour carrée est éclairée au rez-de-chaussée par une baie en arc brisé à remplage et deux lancettes, du même type que les deux baies qui éclairent les première et deuxième travées de la nef du même côté. Sous le chemin de ronde, en partie haute, les baies géminées en plein cintre sont munies d’abat-sons. Côté est, le mur pignon reprend la largeur du chœur, avec pour seul décor la baie centrale et une petite ouverture étroite en partie haute pour éclairer les combles. Au sud lui est adossée la sacristie, couverte d’une toiture en pavillon et éclairée d’une baie en plein cintre à arc brisé. Côté nord, les deux premières travées du bas-côté sont aveugles ; la troisième, qui correspond à la chapelle de la Vierge, est dotée d’un mur pignon, intégrant les vestiges de l’ancienne chapelle romane sur laquelle l’église a été reconstruite. On y lit encore la baie romane en plein cintre, étroite et aux trois quarts rebouchée, et les deux contreforts dont l’un détruit en partie basse. La chapelle est couverte d’une toiture à deux pentes.

A l’intérieur de l’église, le lavabo situé côté sud du chœur constitue un élément caractéristique de la Première Renaissance, avec son décor sculpté à motifs de rinceaux, candélabres et vases. Dans l’actuelle sacristie, il reste du tombeau un enfeu ourlé de quatre niveaux de décors sculptés et portant une inscription funéraire à la mémoire de Jacques Turpin, Catherine du Bellay et leurs enfants. Des restes de peinture murale côté sud de la nef portent des traces d’armoiries de la famille Turpin. La baie du chœur est habillée d’un vitrail de l’atelier Lobin, de Tours, daté de 1869 et consacré à saint Maurice. La chaire à prêcher et l’autel ont été installés en 1775-1776. La chapelle de la Vierge est dotée d’un grand autel néogothique en bois.

Si le clocher a régulièrement fait l’objet de grosses interventions – à la fin du XVIIIe s., en 1902 et encore dans les années 1960 – la couverture nécessitait une reprise totale, tant son état de vétusté était avancé. Les travaux, en trois phases, ont porté sur le renforcement des charpentes de la nef, la couverture de l’édifice avec traitement des rondelis et le confortement du clocher, avec un appui de la Sauvegarde de l’Art français à hauteur de 13 000 € en 2016.

Lydiane Gueit-Montchal

Le projet en images