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L’église de Dœuil-sur-le-Mignon est dédiée à Notre-Dame-de-l’Assomption. C’est en 990 qu’Achard, fils d’Ebles, comte du Poitou, fonda en ce lieu un prieuré sous la dépendance de Saint-Cyprien de Poitiers, abbaye elle-même fondée par Pépin en 828. Rien ne subsiste de l’œuvre primitive. L’actuel édifice est une construction homogène qui dut être élevée rapidement dans les dernières décennies du XIIe s., à l’exception des voûtes d’ogives de la nef et du dernier étage du clocher, constructions plus tardives.

C’est une vaste église (longueur : 34 m) en bel appareil, au plan simple, dans le style souvent dépouillé de la fin de l’époque romane. Elle comporte une nef de trois travées inégales épaulées d’épais contreforts, une travée carrée sous clocher et un chœur de même largeur, ce dernier terminé en abside. Une corniche à cavets nus court sur les gouttereaux de la nef et sur le chœur, qui ont été surmontés plus tard d’un bahut fortifié en moellon, percé de quelques créneaux espacés. Le chœur est extérieurement accosté de colonnes engagées montant jusqu’à la corniche, jumelles au départ de l’hémicycle, avec de  gros chapiteaux aplatis à feuilles d’eau. Celles-ci encadrent trois fenêtres en plein cintre accostées de colonnettes. Deux contreforts plats marquent les angles de la travée sous clocher, percée d’une baie sur ses faces nord et sud. Le clocher carré possède un étage nu de la fin du XIIe s., orné sur chaque face visible de trois arcs aveugles reposant sur des pilastres. Il enveloppe une coupole sur pendentifs. L’étage des cloches, plus récent, présente deux baies étroites par face, sous un toit bas en pavillon que souligne une corniche à modillons en remploi. La façade occidentale est sévère, avec une porte du XVIIIe s. en arc segmenté entre deux épais contreforts d’angle sous glacis. Au-dessus de la porte, une petite rose à remplage gothique a été ouverte dans la paroi nue du mur-pignon de façade, percée d’une petite ouverture rectangulaire dans la partie haute.

L’intérieur de la nef présente trois travées – la première plus courte – couvertes de trois voûtes d’ogives de type angevin à liernes, dont les nervures sont de simples tores faisant queue dans les voûtains et retombant successivement, d’une travée l’autre, sur une fine colonnette gothique, puis sur un faisceau de trois. Le rétrécissement de la travée sous clocher tient à la  présence de deux faisceaux de trois robustes colonnes romanes engagées sur dosseret – celle du milieu plus forte – dont les arcs brisés supportent la coupole sur pendentifs. Les feuilles d’eau des chapiteaux sont, là encore, caractéristiques de la fin du XIIe siècle. Dans l’angle sud-ouest, faisant saillie à l’extérieur, le massif quadrangulaire de la vis permet d’accéder au clocher et aux salles de refuge aménagées dans les combles. Trois fenêtres, encadrées de colonnettes, éclairent l’abside voûtée en cul-de-four que précède une courte travée droite. Deux faisceaux de trois colonnes se faisant face, celle du centre de plus fort diamètre, marquent la séparation entre la travée droite et l’abside. Leurs chapiteaux sont à feuillages découpés au trépan. Sous le bandeau qui souligne le cul-de-four de l’abside, les chapiteaux des fûts qui scandent la paroi ont disparu dans une réfection tardive.

En 2005, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 5 000 € pour la restauration du clocher et du chevet.

Pierre Dubourg-Noves

 

Bibliographie :

Abbé Noguès, « L’église de Dœuil » Recueil de la Commission des arts et monuments historiques de la Charente-Inférieure, Société archéologique de Saintes, t. XI, (4e série, t.1), 1891-1892, p. 233-235.

  1. Connoué, Les églises de Saintonge, t. III, Saintes, 1957.
  2. Crozet, L’art roman en Saintonge, Paris, 1971, p. 67-68 (fig. 23), 92 et n. 77.
  3. Blomme, L’architecture gothique en Saintonge et en Aunis, Saint-Jean-d’Angély, 1987, p. 40, 81 (n. 12).

 

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