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On sait qu’en 1162, l’évêque de Cambrai concéda aux religieux de l’abbaye de Liessies « l’autel » d’Éclaibes. Les sources font défaut par la suite, mais l’on considère généralement que l’église actuelle fut construite dans les années 1560, et reprise en 1592, comme le rappelle une pierre à l’origine armoriée, intégrée postérieurement à la maçonnerie.

C’est un édifice de dimensions modestes, élevé sur un plan en croix latine, comprenant une courte nef, un transept fait de croisillons dissymétriques et un chœur terminé par un chevet à trois pans.

En 1591, le fils naturel de Jean d’Esclaibes se défit de sa terre qui fit l’objet d’un retrait féodal exercé au profit de Charles de Croÿ, le commanditaire des célèbres albums de Croÿ dont une gouache représente le village et l’église d’Éclaibes. Considérant en 1628 que le chœur était « fort petit » et « caduc », les « manans d’Eclaibes » décidèrent de le faire rebâtir « de fond en comble, à leur charge, frais et dépens. », en accord avec Alexandre de Croÿ, prince de Chimay.

Éprouvée par un manque d’entretien prolongé, l’église présentait, en 1888, un état alarmant. Le clocher de charpente qui surmontait la façade menaçait de s’écrouler et la structure de bois des fausses voûtes de la nef était partiellement pourrie. Plutôt que de la reconstruire entièrement, on décida d’allonger la nef de quelques mètres et de la faire précéder d’une tour-clocher en briques abritant un passage d’entrée.

En dépit des guerres et des destructions intervenues au XVIe et au XVIIe s., les maçonneries sont assez bien conservées. Faites dans la pierre dure locale, assisée et liée au mortier, on y reconnaît la trace de quelques petites baies condamnées, dont certaines pourraient remonter à l’époque romane. Mais c’est le chœur qui retient l’attention, et plus précisément ses voûtes sur croisées d’ogives, établies à un niveau assez bas et profilées en plein cintre. Sur les voûtains de briques se détachent les nervures en pierre bleue et les clés où l’on trouve le monogramme IHS, la date de 1629 et les armoiries d’Alexandre de Croÿ et de Madeleine d’Egmont, son épouse. Ces voûtes s’apparentent à celles du chœur de l’église d’Hesdigneul qui leur sont contemporaines, et à celles du chœur de l’église de Marquette-en-Ostrevant, plus anciennes, puisque datées de 1550.

La date de 1629 figure sur le pignon du croisillon Sud, remonté en briques lors de la restauration du choeur.

L’église fait l’objet d’une restauration générale des toitures et maçonneries ; pour participer à celle-ci, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 30 000 € en 2011.

Philippe Seydoux

Le projet en images