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Église Saint-Antoine de Chantôme. Sur le territoire de la commune de Chantôme, rattachée à celle d’Éguzon en 1974, s’est implanté au Moyen Age un prieuré de chanoines de l’ordre de Saint-Augustin. Cet établissement, situé dans un lieu très isolé, sur le flanc d’un coteau au pied duquel coule la fontaine Saint-Sylvain, dépendait de l’abbaye Saint-Barthélémy de Bénévent (Creuse). Il apparaît pour la première fois dans une charte attribuée au début du XIIe s. sous le vocable de Sainte-Croix. En 1466, une Maison-Dieu, tenue par un prieur hospitalier, Denis Moreau, fut établie à Chantôme. Au milieu du XVIIe s., le prieuré-cure (appelé indifféremment Sainte-Croix ou Saint-Barthélémy) comprenait la demeure du prieur, une grange, une étable, une terre de 20 boisselées. Un plan sommaire (vers 1774) représente le prieuré et ses dépendances. De cet ensemble subsistent aujourd’hui l’église Saint-Antoine, qui était « de la directe du prieuré », et le logis du prieur en très mauvais état.

La paroisse a été supprimée à la Révolution et les prés et terres appartenant au prieuré furent vendus en mai 1791 à François Poitreveau. L’église a fait l’objet de plusieurs campagnes de travaux dans la seconde moitié du XIXs. ainsi qu’au XXe siècle.

Formé d’une nef unique terminée par un chevet plat percé d’un triplet, cet édifice a été bâti avec la pierre du pays ou des environs, le micaschiste et le granit. Sa toiture en ardoises est coiffée à l’ouest d’un clocheton également revêtu d’ardoises. Les murs nord et sud sont épaulés par des contreforts en granit taillés en larmier et éclairés par une baie au nord et trois au sud. A l’ouest, on accède à l’église par un portail, en plein cintre, très sobre, en pierre de taille, rehaussé d’une voussure en forme de boudin.

A l’intérieur, la nef, couverte d’une voûte en plâtre, était surmontée d’une charpente dont témoigne la présence d’entraits et de poinçons ; le chœur en berceau, légèrement surélevé, et la travée est du vaisseau correspondent à la partie la plus ancienne du bâtiment. La baie centrale du triplet est ornée de vitraux du XIXe s. représentant saint Antoine et saint Sylvain. A l’ouest, quatre poteaux de bois soutiennent le clocher qui abrite une cloche en bronze du XVIe siècle (cl. MH). Un lambris revêt la partie inférieure des murs du chœur (au nord jusqu’à la porte latérale et au sud jusqu’à la piscine). Un siège assorti au lambris pourrait être celui du prieur.

On remarque une tête sculptée sur le mur nord au droit de la baie ; des vestiges de peintures murales (un faux-appareil, des feuillages, des coqs) peuvent s’observer dans le chœur et en plusieurs endroits de la nef. L’église est pauvre en mobilier depuis la Révolution et la commune sollicita en 1873 un secours pour acquérir des ornements. On signalera deux sculptures, en bois peint, xviie-xviiie s., art populaire (ISMH), restaurées en 2003 : saint Antoine l’Ermite, patron de l’édifice et saint Sylvain, que l’on sortait le dimanche précédant l’Ascension lors du pèlerinage à la fontaine pour la guérison des enfants atteints de convulsions.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé un montant de 5 000 € en 2016 pour la restauration du crépi, la reprise des fenêtres extérieures du mur sud, la consolidation de la voûte du chœur et de la nef, la restauration du lambris du chœur et le traitement des poteaux du clocher.

Francesca Lacour

Bibliographie :

Arch. dép. Indre, D 656 : Fr. Deshoulières, Les églises de l’Indre, dactylographié ; F 1755 (3) : Procès-verbaux des visites du diocèse de Bourges par le cardinal de La Rochefoucauld ; G 545, 547, 560-565 ; 2 O/039/7 ; 2 Q 360.

Conservation départementale des Antiquités et objets d’art : dossier.

Hubert, « Recueil général des chartes intéressant le département de l’Indre », Revue archéologique, historique et scientifique du Berry, mars-avril 1901, n° 90, p. 106-107.

Rogier, « Ancienne église Saint-Antoine de Chantôme », dans A la découverte des églises de l’Indre, sous la dir. d’A. de Montigny, 79230 Prahecq, 2004, p. 176.

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