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La commune d’Épeigné-les-Bois est située à 39 km au sud-est de Tours et à 20 km au sud d’Amboise. Située en plein cœur du bourg, l’église paroissiale, dédiée à saint Aignan, est édifiée au-dessus d’une galerie souterraine qui débouche sur une source aux vertus curatives, probable lieu de culte païen ayant déterminé l’emplacement de l’église actuelle. Bien que Saint-Aignan soit désignée par le terme ecclesia dès 859 dans le cartulaire de Cormery, ses parties les plus anciennes ne remontent pas au-delà du XIIe siècle.

L’église est construite en moyen appareil de tuffeau, selon un plan en croix latine. La nef, longue de 13 mètres et large de 5, est constituée d’un vaisseau unique de deux travées oblongues, couvertes d’une voûte sexpartite à ogives moulurées en tore ; ce parti est rare en Touraine. La nef est éclairée au nord par trois baies en arc brisé, hautes et étroites, et par un triplet à l’ouest. Le côté sud est aveugle. Les retombées des ogives s’effectuent sur de petits chapiteaux sculptés portés par de fines colonnes engagées. Ces chapiteaux, aux corbeilles ornées de crochets et surmontées d’un tailloir sans décor, sont positionnés exactement à mi-hauteur entre le sol et les clés de voûtes qui s’élèvent à 4,5 mètres au-dessus des chapiteaux.

La croisée du transept supporte un clocher de plan carré, en charpente, couvert d’ardoise et sommé d’un toit pyramidal. Le croisillon nord, construit selon un plan presque carré, est moins élevé que le bras sud. Voûté d’un berceau irrégulier, il ouvre à l’est sur une absidiole voûtée en cul-de-four. Le croisillon sud, enserré par des constructions à l’est et à l’ouest, voûté sur croisée d’ogives quadripartite et légèrement désaxé vers l’est, a fait l’objet d’une reprise au XIIIe siècle.

Le chevet, renforcé par cinq contreforts, possède une corniche à modillons, quelques-uns étant sculptés. Le chœur comprend deux travées voûtées en berceau brisé, séparées par des doubleaux brisés extradossés, débouchant sur une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. L’abside est éclairée par trois baies en plein cintre encadrées de colonnettes à chapiteaux sculptés dont les fines corbeilles sont ornées de feuillages ayant conservé des traces de polychromie.

Le chevet et le bras nord du transept avec son absidiole datent du XIIe siècle. Les parties supérieures des murs gouttereaux de la nef ont été reprises au XIIIe s., au moment où l’on décida de la voûter. Les analyses dendrochronologiques des charpentes à chevrons formant fermes de la nef et du croisillon sud, réalisées en 2009 par le laboratoire Archéolabs[1] près de Grenoble, puis en 2013 par le laboratoire CEDRE de Besançon[2], ont toutes les deux conclu à un abattage des arbres en 1220-1221 et à une mise en œuvre en 1221 ou peu après. Les charpentes à chevrons formant ferme du chœur et de l’abside sont indépendantes mais ont toutes deux été posées en 1493, selon les dates fournies par le laboratoire Cedre.

Des sondages réalisés en 2014 ont révélé la présence d’un abondant décor peint, en grande partie masqué sous badigeon. Quelques éléments sont cependant bien visibles, comme le faux appareil à joints rouge aux voûtes de la nef et le masque grimaçant qui orne la clé de la deuxième travée, ou encore l’intrados de l’arc doubleau situé à l’entrée du croisillon nord, tous médiévaux malgré des reprises à la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, l’église conserve trois statues protégées et un intéressant cierge de confrérie de Saint-Vincent inscrit MH en 2017.

La réfection de la couverture a permis de restituer la tuile plate sur l’ensemble de l’édifice, à l’exception du clocher en ardoise, après avoir effectué les travaux indispensables sur la charpente dont les éléments anciens ont été conservés. Le beffroi également restauré a permis de réinstaller la cloche datant de 1838. Pour ces travaux, la Sauvegarde de l’Art français a accordé la somme de 20 000 € en 2015.

Martine Lainé

 

Bibliographie :
Ranjard, La Touraine archéologique. Guide du touriste en Indre-et-Loire, Tours, 1930 (nouv. éd., 1949, 1958, 1978, 1981, 1986).
Lainé, « L’église paroissiale Saint-Aignan d’Épeigné-les-Bois (Indre-et-Loire) », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. 61, 2015, p. 49-60.

[1] A la demande du service Patrimoine et Inventaire de la Région Centre-Val de Loire.
[2] A la demande de la DRAC Centre-Val de Loire, Conservation régionale des monuments historiques.

Erratum:
Dans le cahier 27 de la Sauvegarde de l’Art Français, page 172: il fallait lire en légende de la photo de la statue de Saint Vincent: « Statue de Saint Vincent et cierge de confrérie de saint Vincent »
voir la notice de la base Palissy. Toutes nos excuses à Mme Lainé.

Le projet en images

Eglise Saint-Aignan, plan au sol, par le cabinet Trait Carré architectes