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Établie au carrefour des deux principales routes traversant le village, l’Église Saint-Jean-Baptiste surprend par sa taille et l’étagement de ses différents volumes couverts en tuile plate, où culmine la flèche effilée de son clocher revêtu d’ardoise. On accède à l’intérieur par l’intermédiaire d’un porche maçonné percé, à l’ouest, d’une porte et de deux fenêtres rectangulaires aux linteaux de bois. La nef et le chœur se confondent en un même vaisseau flanqué, au nord, par un collatéral aveugle. Les quatre grandes arcades en plein cintre qui les mettent en communication retombent, dans la nef, sur deux colonnes trapues aux volumineuses bases carrées ornées de griffes et, à l’entrée du sanctuaire, sur deux minces colonnes jumelles. Tous ces supports sont pourvus de chapiteaux sculptés aux motifs végétaux variés. L’ensemble peut être daté de la fin du XIIe ou du tout début du XIIIe s., époque où les sources historiques incitent à placer la naissance de la paroisse.

L’édifice a subi de nombreuses modifications depuis son édification. Comme on le constate fréquemment dans les édifices religieux de l’ancien comté du Gâtinais auquel appartenait Ervauville, un clocher de charpente a été construit à cheval sur les toitures de la nef, vraisemblablement au XVIIe s., si l’on en juge par le tabouret sur lequel il s’appuie au niveau du sol et qui a été récemment renforcé par deux portiques en bois. L’église a aussi fait l’objet d’une restauration générale peu après 1850. A cette occasion, les baies de la façade sud ont sans doute été pour partie agrandies et simplement vitrées afin de dispenser un maximum de lumière.

De même, la voûte en berceau de la nef et celle, en demi-berceau, du bas-côté, autrefois en plâtre sur lattis, ont été habillés au XXe s. de lambris de fabrication industrielle. Le contraste est saisissant avec les entraits et poinçons apparents de la charpente, caractéristiques du XVe ou du début du XVIe siècle. Enfin, la construction de la sacristie contre le mur du chevet remonte, elle aussi, au XIXe s. ; des combles s’observe encore un triplet dont les trois baies en plein cintre d’égale hauteur, sans doute romanes, ont été rebouchées. Leur condamnation est vraisemblablement consécutive à l’installation dans le chœur, au XVIIe s., du monumental retable en bois surmontant le maître-autel. D’ordonnancement classique, repeint en faux-bois et or au XIXe s., il appartient à la catégorie des retables-lambris, dont la boiserie s’étend pour couvrir toute la paroi murale contre laquelle il s’adosse. Les deux colonnes corinthiennes qui en supportent le fronton sont enrichies, à la base seulement, de guirlandes de vignes. Remplacées par des statues de plâtre saint-sulpiciennes, les deux niches latérales étaient jadis occupées par des statues en bois de saint Jean-Baptiste (à gauche) et de saint Éloi (à droite).

Le tableau ornant le centre du retable figure le Baptême du Christ. Il est signé, en bas à gauche, « Horsin-Déon pinxit, ce 20 mai 1840 ». Auteur, en 1851, d’un traité sur la restauration des tableaux qui fit date, le peintre Simon Horsin-Déon (1812-1882) joua surtout un rôle de premier plan dans le marché de l’art à son époque. Cependant, il ne s’agit pas ici d’un tableau original, mais d’une copie d’après l’œuvre de Pierre Mignard, peinte une première fois en 1666 pour l’église Saint-Jean-au-Marché de Troyes où il avait été baptisé, puis reprise en 1668 pour la chapelle des fonts baptismaux de l’église Saint-Eustache de Paris. Disparue au milieu du XVIIIe s., cette seconde version, que reproduit le tableau d’Ervauville, a été largement diffusée par la gravure et de très nombreuses fois copiée jusqu’au XIXe siècle.

L’intérieur de l’église a conservé l’aspect qu’il présente sur les cartes postales du début du XXe s., avec ses lustres, ses bancs clos, son banc de fabrique et sa chaire du XVIIIe siècle. Parmi les éléments remarquables de son mobilier, on citera : une statue de la Vierge à l’Enfant et un Christ en Croix en bois polychromé inscrits au titre des monuments historiques, tous deux du XVIIe s. ; un confessionnal portant, gravée en abrégé, la mention : « C’est Monsieur de La Fosse, seigneur de Cénan, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment royal d’infanterie, qui fait prest de ce confessional à cette églize, première averil 1721 », ou encore, les fonts baptismaux en fonte ouvragée en partie dorée, bel exemple de la production du Val d’Osne au XIXe siècle. Enfin, un autel dans le bas-côté nord est dédié à sainte Rose. Venue de l’abbaye de Chelles, cette religieuse bénédictine fonda à la fin du XIe s. un monastère à Ervauville, détruit lors des guerres de Religion. Son nom reste localement associé à une source miraculeuse, qui fait toujours l’objet d’un pèlerinage annuel.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2014 une aide de 5 000 € à la commune pour la restauration intégrale des couvertures.

Gilles Blieck

Bibliographie :

Abbé J.-B. Patron, Recherches historiques sur l’Orléanais, t. II, Orléans, 1871, p. 143-145.

Michel, « Ervauville, église Saint-Jean-Baptiste », dans Inventaire des richesses d’art de la France. Province, monuments religieux, t. I, Paris, 1886, p. 309-310.

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