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Le village d’Esves-le-Moutier est situé dans la haute vallée de l’Esves, affluent de la Creuse, dans une région boisée où s’étaient réfugiés quelques ermites, saint Genoch, saint Baud, saint Hermeland, en un temps, ou peu après l’époque, où saint Ours fondait ses communautés de Sennevières et de Loches. Un peu plus en aval, Ligueil devait devenir un centre important des possessions de Saint-Martin-de-Tours, dans le sud de la Touraine. Le souvenir d’un monastère n’est conservé que par la toponymie. L’établissement, maintenu ou relevé sous la forme d’un prieuré, est également fort mal documenté. Il aurait dépendu de l’abbaye de Méobecq-en-Brenne, avant d’être attribué au chapitre de Québec. Les bénéfices de cette abbaye, ruinée par les guerres de religion, avaient été transférés par Louis XIV à l’évêché de Québec en 1674.

L’église est dédiée à saint Maurice ce qui peut justifier une origine très ancienne liée au culte de ce saint, vocable primitif de la cathédrale Saint-Gatien de Tours au VIesiècle. D’autre part, sans remonter à cette lointaine période, les murs gouttereaux de l’église d’Esves ont conservé une grande partie de leur petit appareil du Xeou début du XIesiècle.

Le plan de l’église est très simple : une large nef couverte en charpente, éclairée par quatre fenêtres en plein cintre. L’accès se fait par le côté sud.

Précédent le chœur, la partie basse d’un grand clocher carré forme une travée voûtée sur croisée d’ogives portée par deux grosses colonnes. Le chœur lui-même est, comme la nef, couvert d’une fausse voûte en plâtre, ses murs gouttereaux ont conservé, ainsi que la nef, la majeure partie de son petit appareil. Le chevet est plat et date des reprises du XIVesiècle. De gros contreforts ont été appuyés, alors, sur les murs tandis que subsistent, aux angles, des souches d’échauguettes.

La grosse tour carrée du clocher est un vrai donjon avec ses quatre tourelles d’angle en encorbellement. Tout l’ensemble du prieuré avait été fortifié et deux tours rondes en définissent encore le plan, à l’ouest.

Un somptueux maître-autel en bois sculpté et doré a été placé au centre du chœur. Il est signé A. Watrinelle et daté 1698. Dédié à la Vierge, il proviendrait de l’église Notre-Dame-des-Carmes à Tours, devenue, au XIXes., l’église Saint-Saturnin. Remisé pour l’aménagement de cette église dans le goût néo-gothique, il fut racheté et donné à l’église d’Esves.

Une grande croix, centrée sur un médaillon et ornée d’entrelacs, a été réemployée dans le pignon oriental, c’est peut-être une croix de pignon analogue à celle de Saint-Maur de Glanfeuil en Anjou.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2007 une aide de 14 000 € pour le remplacement des couvertures du clocher et de ses bas-côtés.

Philippe Chapu

 

Bibliographie :

J.-J. Bourassé et C. Chevalier, Recherches historiques et archéologiques sur les églises romanes en Touraine du VIeau XIes., Tours 1969, p. 99-100 et pl. XXXIII et XXXIV.

  1. Plat, L’art de bâtir en France des Romains à l’an 1100, Paris 1939, passim.

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