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Ferrière est un village situé à une demi-lieue de la grande abbaye de Beaulieu et à l’orée de la forêt domaniale de Loches. Son origine s’explique par le travail du fer, facilité par le voisinage du bois, du ruisseau et des étangs proches.

L’église, dédiée à saint Gilles, comporte deux parties : une nef, dont les maçonneries assez rustiques ont pu être surélevées lors du remplacement de la voûte lambrissée au XVIe s., et un chœur, dont la partie droite et le chevet à sept pans sont bâtis en belles pierres appareillées et couverts de voûtes angevines du XIIIe siècle. Une petite chapelle seigneuriale a été ajoutée au XVe ou XVIe s. sur le côté nord de la nef. Un escalier à vis, dans une tourelle, permet d’accéder au-dessus des voûtes du chœur.

On pénètre dans la nef à l’ouest par une porte en plein cintre dont le seul décor est un cordon mouluré qui souligne le demi-cercle supérieur. Une fenêtre en plein cintre surmonte cette porte. Des éléments de petit appareil évoquent une construction très ancienne, peut-être XIe s., à la base du mur. Le haut pignon aigu est typique du XVIe siècle. Le mur gouttereau sud de la nef est également percé de deux petites fenêtres en plein cintre qui confortent, pour cette partie de l’édifice, l’idée d’une construction romane.

On pénètre dans le chœur par un grand arc en tiers-point, orné d’un simple rouleau souligné par un cordon mouluré entre deux fortes colonnes engagées dont les chapiteaux, entre listel et tailloir, sont ornés de feuillages gras. Une amorce d’un voûtement de la nef apparaît sur le côté gauche, alors que le côté droit se trouve noyé par la tourelle de l’escalier à vis.

La travée droite du chœur est une belle réussite du style gothique de l’ouest, le style dit angevin. La voûte, très bombée, est octopartite, portée par des ogives et liernes à la mouluration délicate qui retombent sur des chapiteaux et fines colonnettes et se croisent au centre, sous une clé sculptée d’une belle figure d’évêque ou abbé avec mitre et crosse. Le mur gouttereau nord est percé d’une haute fenêtre en plein cintre, fortement ébrasée à l’intérieur.

Le chevet polygonal à sept pans est couvert d’une voûte de même style dont les ogives et liernes définissent neuf voûtains et se retrouvent en une clé où figure une image sculptée de la Vierge. Ce chevet était à l’origine éclairé par sept fenêtres hautes en plein cintre de même style que dans la travée droite. Cinq de ces ouvertures ont été murées pour placer au XVIIIe s. (1711) un grand retable dont le panneau central peint a disparu. Quatre colonnes à chapiteaux corinthiens supportent entablement, corniche, pots de feu et encadrent deux niches pour la présentation de deux statues. Un haut fronton sculpté surmonte le tout.

Des peintures murales sont visibles en partie dans la nef. On distingue un saint Christophe portant l’Enfant Jésus au nimbe crucifère et, plus loin, un chasseur nimbé portant un cor, agenouillé dans une clairière devant un cerf dont le front supporte une croix entre ses bois. Il  s’agit là d’un saint Eustache dont la légende se confond parfois avec celle de saint Gilles dans les cultes populaires.

L’histoire de ce prieuré-cure est assez complexe : il dépendait de l’abbaye de Miseray au diocèse de Bourges (chanoines réguliers de Saint-Augustin de l’Ordre de Prémontré). Le titulaire en était nommé par l’archevêque de Tours, sur présentation de l’abbé de Miseray. Le prieuré possédait plusieurs biens féodaux : la métairie de Ferrière, près de l’église, qualifiée d’hébergement et relevant du château d’Azay-sur-Indre, le fief de la Thibaudière à Châtillon-sur-Indre. En raison sans doute de ses importantes donations, Dreux de Mello, seigneur de Loches et de Châtillon, en était considéré comme le seigneur fondateur et, à sa suite, le roi, après la mort de Dreux de Mello à Chypre, au retour de la croisade de 1248 où il avait accompagné saint Louis. Á ce titre, chaque nouveau prieur remettait ses déclarations féodales au château de Loches. Tout ici est dans l’emprise de Loches. Depuis 1301, année d’une terrible sécheresse, une importante procession rassemblait une trentaine de paroisses, le lendemain de la Fête-Dieu, pour transporter de la collégiale Notre-Dame à Beaulieu, puis Ferrière, les reliques des saints Bauld et Hermeland, puissants intercesseurs.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2006 une aide de 4 000 € pour des restaurations de maçonnerie, en particulier de la très belle voûte angevine.

Philippe Chapu

 

Bibliographie :

J.-X. Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, t. III, Tours, 1881 (Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. XXIX), p. 62-65.

 

 

 

 

 

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