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La chapelle de Christ s’élève à 1,5 km au nord du bourg de Guimaëc, à peu de distance de la mer, au cœur de ce que l’on appelle le « petit Trégor » (partie de l’ancien évêché de Tréguier rattachée au département du Finistère sous la Révolution).

Il ne subsiste plus aujourd’hui que les murs. L’édifice a commencé à être délaissé dans les années 1910 : en 1906, G. Toscer visite une chapelle « qui ne manque pas de cachet » ; en 1912, le chanoine Peyron remarque qu’elle « est construite avec un certain luxe », mais ne signale non plus aucun désordre. En revanche, en 1918, L. Le Guennec note que la chapelle « est bien délaissée et bien misérable. […] Les murs se disjoignent, la pluie traverse le toit délabré et pourrit les voûtes fléchissantes ; les enfants brisent à coups de pierre les vitraux armoriés ». En 1932, l’édifice est inscrit à l’Inventaire supplémentaire et les réparations à la toiture et à la maçonnerie sont évaluées à 1 700 000 francs. En 1957-1958, le mobilier est transféré à l’église paroissiale (une douzaine de statues en bois polychrome, un remarquable retable à cinq panneaux en bas relief, une poutre de gloire) et deux autels en pierre (dont l’un porte la date de 1556) sont affectés à l’abbaye de Landévennec ; des objets disparaissent (le chancel Renaissance), la toiture s’effondre, des pierres tombent sur la route voisine. Il ne reste plus qu’une ruine.

Grâce à l’action d’une association locale et de la municipalité de Guimaëc, la restauration de la chapelle est récemment entreprise. En 2002, Léo Goas-Straaijer, architecte du patrimoine à Pluvigner (Morbihan), établit un état des lieux et propose un projet de restauration. En 2005, une première tranche de travaux relève les murs écroulés et consolide l’ensemble de la chapelle.

En 2006, l’édifice apparaît comme suit : une nef rectangulaire avec une chapelle en retour, à angle droit, au sud. La construction de la nef date du début du XVIe s., et il reste encore les trois portes de cette époque : l’une à l’ouest, à archivolte gothique surmontée d’un fleuron, une autre au sud, en plein cintre, avec trois blasons et aussi surmontée d’un fleuron, une troisième enfin au nord, plus élaborée, en accolade, avec blasons, fleurons et pinacles. Le mur ouest porte un clocheton amorti en lanternon à dôme, sur lequel a été fixé l’ancien coq de l’église forgé à Guimaëc en 1896. Une inscription – aujourd’hui disparue – encastrée dans le mur sud (F : GENTIL :1600) indiquait une première restauration ; une seconde inscription

– toujours en place  (A. CABON : F. L : 1700) – dans le mur nord rappelle une deuxième restauration. Le remplage de la maîtresse-vitre a pu être reconstitué, ainsi que le rampant du pignon ouest, terminé par deux crossettes : un lion (dont la partie avant a été cassée) et un joueur de biniou.

La chapelle en retour, construite au sud à la fin du XVIe s., s’ouvre sur le chœur par un arc brisé aplati reposant sur deux colonnes engagées. Elle est éclairée par deux fenêtres dont les remplages ont disparu, au sud et à l’est, et s’ouvre à l’ouest par une petite porte en plein cintre.

Près de la chapelle, de l’autre côté de la route, existent toujours une fontaine et un calvaire. La fontaine, édicule en pierre à fronton aigu abritant une statuette, a été prolongée, au XXe s., par un lavoir en ciment. Le calvaire est une œuvre très intéressante : sur un emmarchement à quatre degrés et un socle cubique, un long fût à pans porte un crucifix (d’un côté, le Christ en croix, de l’autre, le Christ en robe, couronné) et un croisillon formé de deux anges (d’un côté Marie-Madeleine, le Christ lié, un personnage non identifié, de l’autre la Vierge, saint Jean-Baptiste et saint Jean) ; le socle porte une inscription difficile à déchiffrer et où l’on croit lire la date de 1555, mais les statues sont du type de Plougastel-Daoulas et peuvent dater du début du XVIIe siècle.

La Sauvegarde de l’Art français a contribué aux travaux de restauration pour une somme de 10 000 € versés en 2005.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

  1. Toscer, Le Finistère pittoresque. Première partie : pays de Léon et Tréguier, Brest, 1906, p. 541-543.
  2. Peyron et J.-M. Abgrall, « Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie, 1911 (p. 336-345, 375-383 : « Guimaëc »).
  3. Peyron, « Églises et chapelles du Finistère », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. XXXIX, 1912, p. 47-49.
  4. Le Guennec, « Excursion archéologique dans la commune de Guimaëc », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. XLV, 1918, p. 131-196 (p. 145-150).
  5. Le Guennec, Vieux souvenirs bas-bretons, Quimper, 1938 (p. 223-256 : « Un coin du Trégor finistérien »).
  6. Le Guennec, Le Finistère monumental, t. I, Morlaix et sa région, Quimper, 1979, p. 116-118.

Le projet en images