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Somme affectée
2 300 €

Statut
Souscription terminée

Ary Scheffer, artiste emblématique de la peinture romantique

Ary Scheffer est né à Dordrecht (Pays-Bas) en 1795 d’un père portraitiste et d’une mère miniaturiste. Il entre dans l’atelier de Guérin à Paris en 1810. Politique engagé, Ary Scheffer devient en 1822 professeur de dessin des enfants de la famille d’Orléans et restera toute sa carrière très proche de Louis-Philippe. Le salon de 1831, présentant Marguerite au rouet et Faust à son cabinet, consacre sa célébrité. Ary Scheffer créa un atelier dans son hôtel particulier (rue Chaptal, 9ème ardt), qui devint un cénacle des artistes et écrivains de l’époque (Delacroix, Géricault, Chopin, Georges Sand, Tourgueniev).
En s’inspirant des imageries littéraires (Faust, Dante) et sentimentales, Ary Scheffer se place dans la lignée des peintres romantiques contemporains. Les sujets religieux occupent toutefois une part importante de son œuvre. Bien que ne recevant plus de commandes de l’Etat depuis le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte et n’exposant plus au Salon depuis 1846, Ary Scheffer connaît une popularité croissante à la fin de sa vie. Il s’éteint en 1858. Ses œuvres sont aujourd’hui conservées essentiellement au musée de Dordrecht (Pays-Bas), au musée de la Vie romantique (Paris) et au musée du Louvre.

Le chef-d’œuvre de l’église Notre-Dame

L’Eglise Notre-Dame abrite une huile sur toile d’Ary Scheffer signée, datée, et représentant un épisode capital de la Passion, quand Jésus se retire sur le mont des Oliviers en compagnie de ses disciples. Le tableau semble illustrer le passage suivant de l’Evangilede saint Luc (22, 40-46) : «Puis il s’éloigna d’eux d’environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il priait en disant : ‘Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse !’ Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. » On observe en effet le Christ agenouillé et soutenu par un ange consolateur.

La juxtaposition d’une figure au 1er plan et d’une 2ème figure monumentale en retrait au second plan est caractéristique d’Ary Scheffer (en témoigne par exemple La tentation du Christ, datée des années 1850 et conservée au musée du Louvre). La palette est sobre, dominée par des nuances de gris que vient réchauffer le vêtement rouge au 1er plan. Le cadrage très serré renforce la monumentalité de l’ange et la lumière semble concentrée sur les mains de Jésus, tendues dans un très émouvant geste d’imploration. Le cadre entourant la toile est d’origine et épouse parfaitement le dessin. Le répertoire décoratif respecte l’iconographie de la Passion : couronnes d’épines et clous annoncent le sacrifice de Jésus. Aux coins supérieurs du cadre figurent deux extraits de l’Evangile de Luc : « Et un ange lui apparut / du ciel pour le / fortifier // et il lui vint une sueur / comme des gouttes / de sang… // St Luc chap.VII (sic) // verset (sic) 43 et 44. ». Il existe une autre version de ce tableau au musée de Dordrecht et nous avons la preuve de son authenticité par un tableau de Arie Johannes Lamme daté de 1851 et conservé au Musée de la Vie Romantique, représentant l’Atelier d’Ary Scheffer : l’Ange consolateur (version de Dordrecht) est en effet représenté au centre du mur du fond.

Une œuvre à l’histoire riche et à l’avenir prometteur

Ary Scheffer présenta cinq œuvres au Salon de 1839 : Faust apercevant pour la première fois Marguerite, Mignon regrettant sa patrie, Mignon aspirant au ciel, Le roi de Thulé et le Christ au jardin des oliviers (n°1895). Si Théophile Gautier se montre critique à l’égard de cette dernière œuvre, dénonçant une « affectation de sensibilité », Alexandre Barbier se montre plus élogieux, saluant l’humilité poignante du Christ souffrant et qualifiant l’œuvre de « tableau flatteur à l’œil ».
Le Christ au jardin des oliviers a pu être acheté lors de ce Salon par Juste de Noailles, qui résidait depuis 1827 au château de Bourneville, près de la Ferté-Milon. Nous supposons que l’oeuvre y est encore présente quand Henri Lutteroth, journaliste protestant d’origine allemande, devient propriétaire du château en 1866 . Un cartel en bas du tableau indique que le tableau a été offert en 1920 par M. Henri Waddington, fils de William Henry Waddington, sénateur de l’Aisne et président du Conseil, et donc petit-fils d’Henri Lutteroth (ce dernier étant le beau-père de WH Waddington). Grâce à l’opération « Agissons pour le plus grand musée de France », cette œuvre du célèbre Ary Scheffer peut espérer être redécouverte par le grand public et honorer ainsi le riche patrimoine de La Ferté-Milon. Sous réserve du constat d’état détaillé qui sera réalisé par un restaurateur, les restaurations envisagées consisteraient essentiellement en un nettoyage de la toile et du cadre, mais il faudrait également vérifier la tenue de la toile sur le châssis, traiter le vernis, compléter les éléments manquants de la frise et de la moulure latérale et harmoniser les reprises de dorure.
Projet mené par Apolline Dron, étudiante à l’École du Louvre

Le projet en images