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Statut
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L’héritage de la Contre-Réforme encore présent au XVIIIe siècle

Protégée par les hauts remparts de la cité médiévale de Rions, autrefois ville prospère avec ses bourgeois, ses châteaux et son port, l’église Saint Seurin conserve en son sein un magnifique témoignage de son passé avec un tableau représentant Saint Régis prêchant. Faute de moyens pour entretenir une œuvre de cette dimension, des craquelures et des écaillements jalonnent désormais sa couche picturale. L’esthétique de ce tableau, aux figures idéalisées et à la composition apaisée, reste associée aux préceptes de la Contre-Réforme, qui mettent en avant la figure de saints évangélisateurs, ici Saint Régis irradiant de lumière son auditoire et indiquant du doigt la sphère céleste. On peut ainsi évoquer une autre œuvre, conservée dans l’église jésuite Saint-Paul-Saint-François-Xavier de Bordeaux, reprenant la même composition et la même iconographie du Saint Régis prêchant et daté également du milieu du XVIIIe siècle. Celle-ci s’inspire directement d’un may de Notre-Dame de Paris daté de 1664, d’un certain Jérôme Sorlay, représentant la prédication de Saint François Xavier au Japon. L’artiste, sûrement local, a été donc très certainement influencé par le tableau bordelais, en reprenant le poncif du saint jésuite prêchant, avec à ses pieds une assemblée subjuguée.

Le tableau d’un jésuite du Languedoc dans une église girondine

La présence dans cette église de Saint Jean-François Régis, prédicateur jésuite dans les régions lointaines du Velay et du Vivarais, peut surprendre. Pourtant, une éducation jésuite est attestée dans l’école de Rions, dès 1645, avec sa prise en charge par un régent et la confrérie de Saint Nicolas. Rions, « filleule de Bordeaux », sera comme sa marraine imprégnée d’une culture jésuite, jusqu’à l’interdiction de l’ordre en 1764.

Une restauration simple, mais nécessaire

Comme beaucoup d’églises de village en France, celle de Rions voit ses portes s’ouvrirent uniquement le dimanche. Les fidèles ne sont pas alors forcément conscients des trésors cachés dans leur lieu de culte. Ce tableau de Saint Régis, situé sur le bas-côté nord de la nef, reste ainsi peu visible et mériterait d’être davantage mis en valeur afin que le fidèle puisse se réapproprier cet héritage unique. Pour cela, après examen du châssis et du revers, l’intervention d’un professionnel sur la toile sera nécessaire pour fixer les pigments et les écailles provoquées par l’usure. C’est une opération qui ne demande pas de grands moyens mais s’avère importante pour redonner toute la finesse et la clarté de ce tableau.
Projet mené par Arnaud Darrioumerle, étudiant à l’École du Louvre

Le projet en images