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L’église de Ligardes est placée sous le vocable de Saint-Hilaire. Elle occupe dans l’agglomération une place très particulière qui s’explique par l’histoire du site. Implantée sur un éperon rocheux dominant les alentours, Ligardes, aujourd’hui gersoise, faisait partie de l’Agenais au Moyen Âge. De ce fait, elle passa de la suzeraineté du comte de Toulouse à celle du roi d’Angleterre par le traité de Paris en 1279 et aurait même relevé directement du roi duc selon Jacques Gardelles. Au début du XIVe s., elle appartenait à plusieurs co-seigneurs. Par sa situation, son enceinte fortifiée, ses bâtiments, Ligardes se définit comme un des multiples « castelnaux » qui couvraient la Gascogne au XIIe et au XIIIe siècles. L’étroitesse de l’éperon entraîna l’utilisation du mur nord et d’une partie de la façade ouest de l’église comme rempart.

L’église, de plan rectangulaire (19 m x 12 m) est orientée, à chevet plat ; le mur nord est étayé de cinq gros contreforts, le mur sud est simple. À l’ouest, l’entrée de l’église est ornée d’un élégant portail gothique à deux voussures reposant sur des colonnettes à chapiteaux décorés de feuilles ; une troisième voussure en extrados se termine par deux têtes dont l’une bien conservée représente une figure masculine. Un fort clocher de forme rectangulaire, étayé au sud, fait corps avec la façade ; il fait saillie à l’intérieur de l’église. Des ouvertures ont été ménagées à son sommet sur les quatre faces pour assurer la surveillance. Deux cloches du milieu du XIXe s. sont en place sous un toit de tuiles à quatre pentes. L’ensemble de l’édifice est bâti en blocs de moyen appareil.

Les ouvertures primitives de l’église, longues, étroites, haut placées sont au nombre de trois : une au chevet se termine en ogive, deux autres au sud non loin du chevet sont rectangulaires.

Toutes trois sont bouchées et remplacées par de hautes fenêtres en plein cintre, deux au nord, deux au sud.

Un emban appuyé à la façade de l’église et reposant en vis-à-vis sur quatre colonnes dressées sur un banc de pierre sert en même temps d’abri à ceux qui entrent dans le « castelnau » par la porte fortifiée nord, perpendiculaire à l’église, selon une disposition retrouvée à Sainte-Mère.

L’intérieur de l’édifice est surprenant car il a fait l’objet d’un réaménagement en 1888. Le plafond lambrissé en forme de voûte a été remplacé par un plafond plat à poutres apparentes, le sol dallé de pierres par des carrelages à l’exception du triple emmarchement qui sépare la nef du chœur.

L’église accueillit au XIXe s. un autel et un retable reliquaire provenant du couvent de Paravis, près de Port-Sainte-Marie, de l’ordre de Fontevraud. L’œuvre avait été réalisée en 1740 par un sculpteur agenais, J. Galau, pour accueillir des reliques de sainte Innocente, découvertes à Rome en 1728 et données par le pape Benoît XIII, comme l’indique une plaque de marbre au sommet du reliquaire. À la Révolution, autel et retable furent vendus comme bien national. L’abbé Brax, curé de Ligardes, parvint à les sauver. La translation se fit entre 1801 et 1804. Cet ensemble fait tout l’intérêt du mobilier de l’église. Le retable-reliquaire est séparé de l’autel par une urne en bois doré ; de part et d’autre se tiennent deux grands anges debout dont les jambières apparaissent sous la tunique haut fendue ; d’un bras tendu, ils semblent désigner le reliquaire à l’intérieur duquel on aperçoit une châsse. Leur présentation actuelle est assez récente. Des photographies antérieures à 1927 les montrent inverses, montrant de leur bras baissé l’autel ou l’urne qui le surmonte. L’ensemble est entouré d’un baldaquin soutenu par quatre colonnes qui ne faisaient pas partie du groupe initial.

Autel et reliquaire, abrités sous une alvéole en anse de panier décorée de rosaces et de modillons, sont adossés au mur du chevet, légèrement décalés vers le sud pour permettre l’accès à la sacristie installée dans une tour adjacente au côté nord du chevet mais plus tardive (1842).

Pour la réparation du clocher, la Sauvegarde de l’Art Français a accordé 8 000 € en 2011.

Françoise Dumas

 

Archives diocésaines d’Auch (ma gratitude à L. Meunier-Rivière, F. D.).

Ch.-B. Donnedevie, Histoire de la commune de Ligardes de 1700 à 1925, Agen, 1926, p. 86-93, 272-279.

J. Gardelles, Les châteaux du Moyen Âge dans la France du Sud-Ouest, Genève, 1972, cartes IX, 7, XI et p. 283-284.

B. Cursente, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Bordeaux, 1980, p. 100 : Sainte-Mère.

Les communes du Gers : monographies, sous la dir. de G. Courtès, t. II, Auch, 2004, p. 44-46 : M. Hugon, « Ligardes ».

F. Stiers-Laffargue, « Saint-Hilaire de Ligardes », Société des Amis de églises anciennes du Gers, Bulletin, n° 24, 2000,1er semestre, p. 18-21.

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