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Dans les vignes du Minervois, La Livinière (La Livinhèira, selon la langue du pays) est un petit village blotti le long de l’Ognon, au piémont du Pic Saint-Martin. Les plus anciennes mentions connues sont celles d’ un château, cité dès 1069 et de nombreuses  fois aux  XIIe et  XIIIe siècles. La  paroisse remonte à la même époque et fut comprise, en 1317, dans le territoire du nouveau diocèse de Saint-Pons créé par le  pape Jean XXII au détriment du diocèse de Narbonne. Elle fut dès lors un élément important de ce petit évêché de quarante et une paroisses seulement ; elle était l’un des sept bourgs du diocèse de Saint-Pons qui députaient, à tour de rôle, aux États du Languedoc. C’est au XIVe s. que cette modeste église paroissiale dédiée à saint Étienne a pris sa forme actuelle, à la suite peut-être d’une ruine soudaine de l’église romane du XIIIe s. qui l’avait précédée. Aujourd’hui, on distingue très facilement, et c’est un des charmes de l’édifice, l’œuvre du XIVe s. superposée aux restes de l’édifice roman. Le chevet, à l’extérieur comme à l’intérieur, est ainsi à deux niveaux : d’abord  le  fût  demi-circulaire de l’abside primitive (dont la voûte en cul-de-four a disparu), surmonté ensuite d’un ouvrage gothique à trois pans percé de baies à remplages, et voûté d’ogives. La nef possède encore une partie de ses murs romans, en particulier le mur nord, et est voûtée d’un berceau brisé sur doubleaux qui est peut-être une reconstruction beaucoup plus tardive ; elle a été prolongée vers l’ouest d’ une travée supplémentaire au XIXe siècle. Sur ce vaisseau s’ouvrent cinq chapelles, dont quatre appartiennent également au XIVe siècle. Petites et basses, elles sont toutes quatre voûtées sur croisée d’ogives, avec des clés de voûte armoriées ou ornées, et des nervures retombant sur des culots sculptés, la plupart de visages humains. Face à l’entrée, dans la chapelle des fonts baptismaux, ces culots représentent les symboles des évangélistes. L’une des chapelles, primitivement dédiée à saint Blaise, a été construite en 1352 à l’initiative de Nicolas de La Jugie, un parent de l’archevêque de Narbonne Pierre de La Jugie. La cinquième chapelle, ouverte tardivement, occupe la base du clocher. À l’extérieur, les volumes des chapelles font saillie sur les murs plus anciens, dont on remarque par endroits l’inclinaison vers l’extérieur, qui fait supposer un manque de stabilité de l’édifice primitif. D’ailleurs, du côté nord, un arc-boutant robuste enjambe la ruelle longeant l’église et vient épauler la nef. Le clocher, une massive tour carrée dont la moitié inférieure est médiévale, est situé immédiatement au nord de la naissance de l’abside. Les deux étages supérieurs, ouverts d’arcades et abritant les cloches, sont couverts d’un dôme appareillé du XVIIe s., cantonné de quatre boules en marbre. Nef et chapelles sont couvertes de lauzes, de fines lauzes calcaires ayant pris une patine presque noire. Le chœur, plus élevé, a une toiture moderne. Un programme de restauration dont l’initiative revient à l’architecte des Bâtiments de France de l’Hérault comprend la remise en état des façades et des toitures, de l’intérieur de l’église, et divers aménagements au sol autour de l’édifice. Sur l’église, une première phase de travaux a été mise en œuvre, concernant les toitures en lauzes de la nef et des chapelles, les toitures en tuiles rondes de l’agrandissement occidental et du porche, le rejointoiement du dôme du clocher et de certaines parties des murs extérieurs. D’autres tranches restent à réaliser, avec entre autres la restau­ ration de l’arc-boutant. Pour les premiers travaux, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 120 000 F en 1999.

O.P.

Le projet en images