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L’église, dédiée à saint Martin, était un de ces nombreux biens ecclésiastiques sécularisés dans les périodes troublées des invasions arabes puis normandes et imbriqués dans un système féodal complexe. Les réclamations des conciles successifs des Ixe et Xe s., le renouveau produit dans les esprits par la réforme grégorienne, le développement monastique des Xe et XIe s., ont finalement porté leurs fruits. Les chartes-notices du cartulaire de l’abbaye de Noyers-en-Touraine relatent de nombreuses restitutions, souvent partielles, car ces biens et revenus ont été partagés au fil des ans. Ainsi, vers 1080, un chevalier du château de Montbazon donne à l’abbaye de Noyers les droits qu’il a dans l’église de Marcé et les terrains qu’il détient dans la paroisse. Il le fait avec le consentement explicite de sa femme et de ses enfants. Dans le même temps, deux frères abandonnent leur part du fief sacerdotal.

Par ses dimensions modestes, son plan simple, une nef non voûtée de pierre, suivie d’une travée droite portant le clocher, et un chœur voûté, par la nature et l’emploi des matériaux, l’appareil de tuffeau et les joints assez épais, l’église de Marcé présente nombre de points communs avec celles dont l’abbaye de Noyers a dû diriger la reconstruction partielle ou totale.

Des modifications ont été apportées par la suite. Ainsi, pour supporter le clocher, la travée droite à l’entrée du chœur a été voûtée sur croisée d’ogives ; de même, l’hémicycle du chevet, circulaire à l’extérieur, a  été aménagé sur un plan quadrangulaire à l’intérieur, pour supporter plus logiquement les ogives de la voûte gothique qui remplace le cul-de-four habituel. Les ogives à méplat entre deux tores sont typiques du premier art gothique dit Plantagenêt ; en revanche, celles de la travée droite sous le clocher sont plus élégantes et plus légères, simples boudins entre deux cavets prouvant un travail plus tardif, sans doute du XIIIe siècle. Cependant, les colonnes engagées, chapiteaux et tailloirs, paraissent du même modèle dans ces deux parties ; les chapiteaux sont ornés de larges feuilles stylisées dont les pointes s’enroulent dans les angles supérieurs, d’autres portent des masques humains, sujet fréquent dans le Poitou voisin.

Le carré du chœur a une ornementation plus recherchée : une corniche en quart de rond prolonge les tailloirs des chapiteaux et une cimaise dentelée court sous la base des fenêtres. Ces trois fenêtres en plein cintre, à profond ébrasement, sont encadrées de colonnettes à bases et chapiteaux.

Deux chapelles seigneuriales ont été ajoutées de part et d’autre de la travée droite. Celle du sud avait été élevée au XVe s. par les seigneurs du château de la Louère ; le vice-amiral Charles de Charitte y fut inhumé en 1815. Celle du nord, plus vaste, est du XVIe siècle ;  sa voûte sur croisée d’ogives avec liernes et tiercerons, porte des clefs pendantes. Les inscriptions de sa piscine Renaissance ont été malheureusement martelées.

Le porche en pierre qui précède l’entrée occidentale est difficile à dater, ses ouvertures en plein cintre n’ont aucun décor. Les églises d’Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) et Oyré (Vienne) ont des porches très caractérisés par leurs arcatures et colonnettes romanes, mais le retour sud du porche de Oyré présente des ouvertures simples en plein cintre du même type qu’à Marcé, sans doute reprise tardive. À Marcé, la restauration au XVIIe d’un porche plus ancien a pu être réalisé dans le même esprit d’économie.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2003 une aide de 3 000 € pour des travaux de charpente et maçonnerie.

Ph. Ch.

 

Bibliographie :

 Abbé C. Chevallier, « Cartulaire de l’abbaye de Noyers », Mémoires de la Société archéologique de Touraine,  t. 22, Tours, 1872, p. 89-90, 161.

Abbé C. Chevallier, « Histoire de l’abbaye de Noyers », ibid., t. 23, Tours, 1878, p. XLI- XLIII.

R. Ranjard, La Touraine archéologique, Tours, s.d., p. 424-425.

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