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Placée sous le patronage de saint Martin, la paroisse de Mardié dépendait du chapitre de la cathédrale d’Orléans, qui nommait à la cure et disposait de la haute, moyenne et basse justice sur les villageois. L’église est mentionnée pour la première fois en 956, dans un diplôme du roi Lothaire. L’édifice actuel ne paraît cependant pas remonter à une époque aussi reculée. Des sondages archéologiques récemment réalisés sur le mur nord et le pignon occidental, ont confirmé que la nef en constituait la partie la plus ancienne. Les baies en plein cintre et les contreforts en pierre de taille qui subsistent dans la maçonnerie, l’appareil de moellons régulièrement assisés qui la caractérise, sont datables de la fin du xie ou du début du XIIe siècle. L’attribution à l’époque romane est corroborée par l’examen des éléments encore visibles, notamment la porte nord, le portail ouest et la fenêtre qui le surmonte. Le couvrement de l’unique vaisseau de la nef est aujourd’hui assuré par un berceau lambrissé surbaissé laissant apparents les entraits et poinçons de la charpente ; il ne paraît guère remonter au-delà du XIXe siècle. D’aspect très dépouillé, la façade principale était autrefois précédée d’un porche en charpente, démoli vers 1888.

Légèrement désaxé, un chœur de grande ampleur, à trois travées et deux collatéraux, a été greffé à la nef dans la seconde moitié du XIIe ou, plus probablement, au début du XIIIe siècle. Élevé lors de la même campagne de travaux, un imposant clocher, en partie hors œuvre, occupe la première travée du collatéral nord. Sa remarquable silhouette lui a valu d’être inscrit, à lui seul, au titre des monuments historiques, dès 1925. Soulignée par une corniche à modillons, sa toiture de plan carré et à égout retroussé, est coiffée d’une flèche octogonale. Chacune des faces de l’étage des cloches, établi en retrait, est percée de trois baies cintrées à double rouleau.

La qualité d’exécution du vaisseau central retient tout autant l’attention. Délimité par des piliers de plan carré aux arêtes chanfreinées, il est voûté d’ogives à profil en boudin retombant sur de beaux chapiteaux à feuillages ; ces derniers sont eux-mêmes supportés par d’étonnants corbeaux à tête humaine ou animale (loup, porc, ours, bœuf) qui conservent, pour certains, des traces de polychromie. Ce voûtement original contribue à magnifier la perspective sur le chevet plat, éclairé par un triplet inégal aux fenêtres en arc brisé.

Entre les piliers du vaisseau central, où de simples moulures tiennent lieu de chapiteaux, de grandes arcades aux arêtes également chanfreinées ouvrent sur les collatéraux. Primitivement voûtés d’arêtes, mais à un niveau plus bas, ceux-ci firent l’objet, vers 1852, de « travaux d’embellissement », entrepris à l’initiative du curé de l’époque. De fausses croisées d’ogives en plâtre, imitant celles du vaisseau central, furent alors posées entre les arcs doubleaux. Sans doute couvert autrefois d’un simple plancher, le premier niveau du clocher reçut un semblable traitement. Ces transformations pour le moins discutables affectèrent aussi le mobilier. Les autels latéraux, dédiés, au nord, au saint patron, et au sud, à la Vierge, furent aussi renouvelés « dans le style de l’édifice », là encore, avec des matériaux bon marché imitant la pierre.

Les collatéraux ne communiquent avec la nef que par deux étroits passages, dits « berrichons » ; ceux-ci permettent de contourner les piles qui encadrent l’arc triomphal donnant sur le vaisseau central. Le passage de gauche est nettement plus étroit, ceci en raison du volume plus important donné aux piles qui soutiennent le clocher.

Des bâtiments, aujourd’hui à usage de sacristie et de salle de catéchisme, jouxtent le chevet. Ils témoignent d’un projet d’agrandissement avorté, remontant à la fin du XVe ou  à la première moitié du XVIe siècle. Les vestiges qui en subsistent, tant à l’extérieur (grandes arcades) qu’à l’intérieur (piliers), prouvent qu’il était prévu d’ajouter au pourtour du chœur une série de travées voûtées, sans doute pour en faire des chapelles. Seule la construction de l’une d’elles, établie à droite de la dernière travée du collatéral sud, fut menée à son terme. La tradition locale explique l’inachèvement de ce projet par les dommages causés à l’église par les Huguenots, qui ravagèrent l’Orléanais en 1567.

Au XVIe s. fut également élevée la tourelle d’escalier flanquant au nord-ouest le clocher ; ses étages n’étaient sans doute, jusqu’alors, accessibles que de l’intérieur, au moyen d’une échelle. Signalé par une plaque, un obus prussien, tiré le 4 décembre 1870, est demeuré fiché dans la maçonnerie de la tourelle.

L’église conserve par ailleurs d’intéressants vitraux historiés du XIXe s. (atelier Lobin à Tours) ayant trait à saint Martin et à la Vierge, ainsi qu’un ensemble de statues en pierre ou en terre cuite du xvie (saint Jacques, saint Jean-Baptiste) et du XVIIIe s. (Vierge à l’Enfant, saint Martin), qui gagnerait à être mis en valeur.

Pour la restauration des façades du clocher et de sa tourelle d’escalier, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 7 000 € en 2014.

Gilles Blieck

 

Bibliographie :

Abbé J.-B. Patron, Recherches historiques sur l’Orléanais, t. I, Orléans, 1873, p. 327-330.

Ch. de Beaucorps, Histoire de Mardié et de Bou, Orléans, s.d. (avant 1926), dactylographié. (collection privée).

G. Allard, Petite histoire de Mardié, s.l., 1995, 59-X p.

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