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Situé près de Bouchain, au nord de Cambrai, le village de Marquette-en-Ostrevant a conservé une fort intéressante église, restaurée après la guerre de 1914-18 qui l’avait éprouvée, mais non ruinée.

Élevée sur des fondations de grès, l’église est construite en pierre d’Avesnes-le-Sec, de meilleure qualité que la craie du plateau artésien, mais a fait l’objet de nombreuses reprises, souvent exécutées en briques. La haute tour-clocher qui la précède, de plan carré, a été remaniée dans les années 1920, privée de sa tourelle d’escalier et dotée d’une flèche effilée remplaçant un toit à quatre pans. Elle précède une courte nef, couverte d’une voûte de plâtre sur structure de bois, comme les collatéraux qui l’encadrent, reconstruits à la fin du XVIIe s., l’un en brique, l’autre en pierre.

Mais c’est le chœur, édifié dans le prolongement de cette nef, qui concentre l’essentiel de l’intérêt, tant par son développement que par l’élégance de son architecture.

Large et élevé, éclairé par de grandes fenêtres privées de vitraux et, pour la plupart, de remplages, il est couvert d’une remarquable voûte de briques dont les nervures de pierre, très saillantes, se déploient à partir de sveltes supports engagés, de section prismatique, dépourvus de chapiteaux, jusqu’à s’entrecroiser en une succession de motifs losangés. Affectée de désordres structurels, cette voûte a dû être renforcée dès la première moitié du XIXe s. par la pose de tirants de fer.

La datation de ce chœur a pu être précisée par la découverte aux Archives nationales, il y a une centaine d’années, de la convention passée le 9 mars 1547 entre les chanoines de Sainte-Croix de Cambrai et l’échevinage de Marquette, pour sa reconstruction à frais partagés. Le millésime de 1549 aurait par ailleurs été relevé sur un fragment provenant de vitraux trop endommagés en 1918 pour être reposés. Construite au nord de ce chœur au cours de la même campagne et elle aussi voûtée, la sacristie a été en partie reconstruite dans les années 1920.

La tradition veut que ce soient les femmes qui se soient opposées en 1799 à la démolition de l’église, décidée par son adjudicataire. Elles durent aussi protéger l’essentiel du mobilier placé vers 1725 et dont subsistent la chaire et les lambris de la nef. Mais c’est dans le chœur que l’on trouve l’élément le plus remarquable : un exceptionnel repositoire – ou tour eucharistique élevé de trois étages et un lanternon culminant à sept mètres, présentant des scènes sculptées traitant de l’Eucharistie, accompagnées de colonnettes et de consoles en marbres polychromes. Rehaussé de peintures, de dorures et de plaques de métal découpées, cet édicule original, daté de 1648, se rattache clairement au baroque anversois de cette époque. Il est possible qu’il ait été réalisé à la demande de Jean des Champs-Kötzler, seigneur de Marquette, surintendant des Ports et Fortifications de Flandre et d’Artois, qui appartenait à l’entourage de l’infante Isabelle-Claire-Eugénie.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 20 000 € en 2012 pour la reprise des fondations en sous-œuvre, le traitement pour les eaux pluviales, le liaisonnement et le traitement des maçonneries de pierres, et la restauration du clocher.

Philippe Seydoux

Le projet en images