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Perché à 140 m d’altitude sur le versant nord de la vallée du Loir, le village de Montigny-le-Gannelon — Montiniacum Ganelonis — tire son nom de l’un de ses seigneurs, Gannelon de Montigny, abbé fieffé de Saint-Avit-lès-Châteaudun et trésorier de Saint-Martin-de-Tours au XIe siècle. Les héritiers collatéraux de cet ecclésiastique pérennisèrent le nom de leur généreux donateur en l’adjoignant à celui de la principale terre qu’il leur légua. Par la suite, ils prétendirent que ce fief avait été concédé par Charlemagne à celui-là même qui le trahit peu après à Roncevaux. Cette tradition infondée est encore illustrée par des vestiges des anciennes fortifications, telle une « porte de Roland » datée du IXe ou Xe s. et ornée de la figure de cet infortuné chevalier. En dépit de cette légende, il semble établi que la situation géographique élevée de ce lieu en fit très tôt un camp retranché, et ce, peut-être dès l’époque mérovingienne. Implantée au nord de l’enceinte, l’église est placée sous le vocable de Saint-Gilles et ses origines remonteraient au XIe siècle. Situé dans les faubourgs, ce sanctuaire aurait été une dépendance, à l’origine, d’un couvent de bénédictins du ressort de l’abbaye de Tiron, tandis qu’une église paroissiale Saint-Sauveur et une chapelle castrale Saint-Michel — aujourd’hui disparues — desservaient les habitants du bourg domiciliés intra muros. Dès 1212, Saint-Gilles était devenue une paroisse et, vers 1300, elle fut réunie à Saint-Sauveur. L’édifice actuel se compose d’une nef unique, prolongée d’un chœur à chevet plat bâti au XVIe s. en remplacement d’une abside hémicirculaire romane.

Cette église offre quelques similitudes avec celle de Saint-Hilaire-sur-Yerre, donnée vers 1042 par Gannelon de Montigny à l’abbaye de Marmoutier. De cette époque, elle a conservé les empreintes de petites baies romanes et des contreforts tronqués au nord et un, demeuré intact, au sud. Les murs sont en moellons de silex recouverts d’un enduit. Seuls les contreforts et les éléments de chaînage sont en pierre appareillée. S’ouvrant sur le chœur, une chapelle latérale a été élevée sur le flanc sud du sanctuaire, au-dessus de l’ancienne sacristie, par les propriétaires du château. Une tour-clocher du XVIe s., coiffée d’un toit en bâtière, cantonne l’angle sud-est de l’église. Un préau, abritant la porte d’entrée, s’appuie également sur le mur sud de l’édifice. Enfin, une sacristie et divers appentis furent adossés au chevet au XIXe siècle.

Un retable néo-classique orne le fond du sanctuaire depuis les dernières années de l’Ancien Régime grâce au zèle du curé d’alors, l’abbé Radais. Ce dernier fit aussi exécuter le maître-autel, la table de communion ainsi que les boiseries à hauteur d’appui. Le vaisseau est voûté d’un lambris recouvert d’un plâtre sur bacula. Les entraits et poinçons de la charpente sont apparents.

Le sanctuaire abrite une somptueuse châsse en bois doré contenant la dépouille de sainte Félicité, exhumée du cimetière Saint-Cyriaque à Rome le 26 mars 1828. Donné par le pape Léon XII au prince de Montmorency, ambassadeur auprès du Saint-Siège et châtelain de Montigny sous la monarchie de Juillet, ce reliquaire ne fut transféré dans cette église qu’en 1838. La sainte y repose, préservée par un fin modelé de cire et revêtue du costume porté jadis par les dames romaines. À ses pieds, une urne aux parois vitrées laisse apparaître son sang versé pour la foi, preuve de son martyre. L’église de Montigny-le-Gannelon conserve un autre reliquaire contenant des restes de saint Gilles, transférés solennellement, en 1865.

Pour des travaux de drainage, de charpente et de couverture de l’édifice, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2002 une subvention de 23 000 €.

J.-Fr. D.

 

Bibliographie :

D.R.A.C. Centre, Inventaire général : dossier.

J. Prévost, Notice historique sur Montigny-le-Gannelon, Châteaudun, 1852.

É. Lefèvre, Département d’Eure-et-Loir : dictionnaire géographique des communes…, Chartres, 1856, p. 167. (Réimpression Chartres, 1994.)

Abbé J.-B. Bordas, Histoire sommaire du Dunois, de ses comtes et de sa capitale, Châteaudun, 1884, t. II, p. 200-201.

J. Beillard, Cahiers du temps jadis : Cloyes-sur-le-Loir, le prieuré d’Yron, Montigny-le-Gannelon, Cloyes, Châteaudun, 1974, p. 65-80.

Bulletin de la Société archéologique d’Eure-et-Loir. Monuments et richesses artistiques de la France. Eure-etLoir, n° 98, 4e trim. 1983, Églises du canton de Cloyes,  p. 11, 22, 24.

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