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L’église Saint-Gilles, encore entourée de son cimetière, se dresse au centre du bourg. Elle est mentionnée dans une confirmation du pape Pascal II du 16 avril 1117 qui précise les biens et les droits de l’abbaye bénédictine de Montiéramey située à un kilomètre. Elle était une succursale de cette dernière.  L’édifice comporte une nef romane courte et étroite, édifiée sans doute dans les années 1140-1160, précédée d’un porche et surmontée d’un clocher de la même époque. Au début du XVIe s., on construit, vers l’est, trois travées d’une nouvelle nef de type halle et un vaste choeur. Cinq autels sont consacrés, le 28 août 1513, indiquant, sinon la fin des travaux, du moins un état avancé du chantier. Les dispositions bâtardes du raccordement entre les nefs romane et Renaissance laissent à penser que le clergé prévoyait la reconstruction totale de la nef médiévale.

En 1817, deux voûtes s’écroulent et, la même année, on restaure les charpentes de la nef et de la flèche du clocher. En 1868-1870, l’architecte de Troyes, Boulanger, reprend les parements extérieurs des deux premières travées du XVIe s. et les murs-pignons sud et nord de la première travée Renaissance.  cette occasion, les contreforts et les parements des baies sont refaits. Au début du XXe s., le portail roman est consolidé par une poutrelle métallique habillée de briques, soutenue par des jambages également en brique.

Le porche ouest, construit en moellons comme la nef, est couvert en charpente. Il est éclairé par cinq baies cintrées dont les arcs, en craie, sont soulignés par un listel. Ce décor est très proche de celui du porche de l’église de Moussey.

La nef romane, couverte en charpente, est éclairée par une petite baie haute sans décor au nord et par une étroite baie gothique en arc brisé au sud. Le tympan du portail ouest est surmonté d’un arc en plein cintre orné de deux arcs brisés mutilés par les consolidations du début du XXe siècle. Dans son ouvrage, Fichot donne une description du portail roman : « l’entrée de la nef est flanquée de deux jambages sans moulures avec linteau droit surmonté d’un arc de cercle en saillie dont les arêtes sont taillées en dent de scie ». Ce décor en bâtons rompus subsiste sur les baies du clocher. Le clocher roman, de plan carré, s’élève au-dessus de la première travée du XVIe s. et les piles romanes qui le supportent sont englobées dans les maçonneries Renaissance. Les faces du clocher sont percées de baies géminées séparées par une colonnette à chapiteaux de feuillages. L’ensemble est surmonté d’un arc en plein cintre, sculpté de bâtons brisés et de deux rouleaux.

La nef Renaissance, épaulée par des contreforts, se compose de trois vaisseaux dont les voûtes à liernes et tiercerons pénètrent directement dans des piles circulaires ; les deux piles de la deuxième travée sont dotées de deux demi-colonnes engagées qui reçoivent les nervures des voûtes. La clé de voûte de la troisième travée nord porte la date de 1613 dans un écu couronné. Il s’agit peut-être de la date d’une restauration.

Le chœur, voûté à trois pans, communique avec la nef par deux travées biaises voûtées et ouvertes sur les deux côtés. Ce dispositif se rencontre fréquemment dans les églises situées sur le pourtour de la forêt d’Orient, au voisinage de l’abbaye de Montiéramey. Quelques échantillons de carreaux vernissés, seuls vestiges d’un pavement disparu, sont présentés dans le chœur.

Chœur et nef sont largement éclairés par des fenêtres qui conservent encore des vitraux du début du XVIe s., classés en 1894 et restaurés, la même année, par le peintre verrier J.-P.  Florence, successeur de Lobin. Ces verrières ont été fortement endommagées en 1940. Les fragments conservés, accompagnés de grisailles décoratives, représentent la vie de la Vierge et celle de saint Gilles. L’édifice conserve plusieurs objets classés et inscrits : un lutrin en bois du XVIIe s., un Christ de pitié en pierre du XVIe s., une cuve baptismale de la première moitié du XVIIIe s. et une chaire à prêcher de la même époque. La cloche, datée de 1557, classée en 1913, a été fondue en 1951. Les cinq retables qui ornent le chœur sont sans doute ceux consacrés en 1513.

Dès 1907, l’édifice fit l’objet d’une proposition de classement qui n’eut pas de suite. Inscrit à l’Inventaire supplémentaire le 7 mai 1926, il a été classé, en totalité, le 14 novembre 2002.

La commune a entrepris la restauration de l’église Saint-Gilles en 2002. En 2004, la Sauvegarde de l’Art français a participé, pour la somme de 8000 €, à la restauration du porche et de la nef.

 

 

 

 

Jannie Mayer

Le projet en images