• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Importante position stratégique sur la frontière franco-normande, Neuf-Marché possédait dès le  XIe s.  un  château, propriété  de  la puissante  famille  de  Grand mesnil.  En 1160, un  concile  s’y  déroula pour trancher entre les  papes  Alexandre III  et Victor III,  et  se  prononça en faveur d’Alexandre III.   Les Grandmesnil, au milieu du XIe s., détenaient la moitié du patronage d’une église Saint-Pierre qu’Orderic Vital qualifie de monasterium et dont le service était assuré par quatre chanoines. Vers 1070-1080, Hugues de Grandmesnil  les remplaça  par  des   bénédictins   venus  de   son   abbaye de   Saint-Évroul-en-Ouche. Ainsi se constitua   un   prieuré   dont l’église  fut  partagée  par   les   paroissiens jusqu’à la Révolution. Vers 1128,  Guillaume de  Roumare  porta   le   nombre  des  moines à  sept, ce  qui  fut l’occasion, selon Orderic Vital,  de  reconstruire  le  chœur  de  l’église.  Ce  chevet  constitue, avec  le   transept, la   partie   la  plus intéressante  et  la  plus  belle  de  l’édifice. Lucien  Musset a bien marqué  son  originalité en  plan  comme en  élévation : « A la naissance du transept s’observent  d’abord, à  droite  et  à  gauche  des  piles  supportant la  tour  centrale,  des passages  «  berrichons  » dont on ne retrouve en Normandie d’équivalent qu’à Saint-Généri-le-Gérei. La croisée est constituée  par  quatre  grands  arcs  en  plein  centre non moulurés. Les croisillon s sont peu profonds mais élevés ; celui de gauche  contient  un  escalier  qui  montait   jadis   au  dortoir   des   moines,  situé  dans  un  bâtiment  qui  le  prolongeait… Le chœur a une travée droite voûtée en berceau, puis une abside  coiffée  d’un cul-de­four. Ce chœur est flanqué de deux chapelles à  chevet  plat,  longues d’une travée  et voûtées  en  croisées  d’arêtes,  qui  communiquent  avec le vaisseau principal par de petits  arcs  brisés  retombant sur  des  tailloirs romans moulurés ». La nef unique,  couverte  d’une  charpente carénée, a subi en 1867- 1868 une lourde  restauration  aggravée  par une remise en état  peu  discrète  après  le  bombardement de  1944. Le mur sud a  été  entièrement  refait  au  XIXe s. ;  celui  du nord,  ancien, a gardé trois fenêtres d’origine. A l’extérieur, sur une  haute  base  de petit appareil en  silex,  dessinant  un  opus  spicatum  irrégulier,  les  croisillons, les  chapelles et  l’abside  ont  des  murs  de  belle   pierre   de taille. La tour centrale carrée est réduite à un moignon. L’ancienne façade ouest  possédait  un  décor  sculpté  de  qualité  dont  le  portail, déjà très  mutilé  du  temps  de  l’abbé  Cochet,  était  flanqué  de  colon­ net tes supportant une  voussure  en  plein  centre  ornée  de  feuillages ; le  tympan  représentait un homme  mettant sa main dans la  gueule d’un lion et un  Agnus  Dei.  Trois  fragments  subsistent,  remployés à l’intérieur de l’église. André Lapeyre les a replacés dans un contexte plus proche de Beauvais que de Rouen. La commune a entrepris la réfection complète de la couverture, à laquelle se sont ajoutés quelques travaux de maçonnerie  sur  le  transept  et  le  chevet.  La  Sauvegarde de l’Art Français y a participé par une subvention de 120 000 F en 1994.

E. C.