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Établi sur un site habité dans l’Antiquité, l’ancien bourg féodal, sur lequel ouvre le portail ouest de l’église (place de la Citadelle), remonterait au XIe siècle. Sa destruction en 1209 par une armée que conduisait l’évêque de Cahors, Guillaume de Cardailhac, est mentionnée dans l’Histoire anonyme de la croisade des Albigeois : « assayada et finablement presa et demolida per la dita armada ». La place ne survécut pas à ce drame, si ce n’est dans les fondations de l’église, visibles sous le sanctuaire, qui remontent au XIIe siècle. Quant à la seigneurie, sans doute confisquée pour cause d’hérésie, elle rejoignit les domaines d’Alphonse de Poitiers. La maison de Puycelsi de 1262 à 1316, puis les comtes d’Armagnac jusqu’en 1362, en furent titulaires avant Raymond des Prez, qui l’obtint par échange avec celle de Tournay en Bigorre. La reconnaissance du roi de France par les habitants fut récompensée en 1369 par le duc d’Anjou d’une substantielle exemption d’impôts pour une durée de dix ans. Depuis les dernières années du XVIe s. et jusqu’à la Révolution française, la seigneurie érigée en marquisat en 1685 ne quitta plus la famille de Vignes.

« Simple chapelle, annexe de l’église de Mazerac » (Moulenq), l’église Saint Jacques appartenait aux évêques de Cahors qui, en 1254, la cédèrent au chapitre de cette ville. C’est Bernard de Carit, chanoine de Notre-Dame de Paris, évêque d’Évreux en 1379, qui, originaire de Puylaroque, la fit agrandir et embellir en 1364. L’homme, fort savant, était lié à la naissance de l’humanisme français. On lui doit la chapelle Notre-Dame des Grâces (vocable rappelant sans doute le petit pèlerinage des Claux de Notre-Dame situé dans un vallon à l’extérieur du bourg), où il établit six chapellenies perpétuelles. Cette fondation fut approuvée par le pape Urbain V en 1366. En 1493, la chapelle reçut encore la belle somme de 16 florins d’or de Hugues des Prez, seigneur de Montpezat, au bénéfice de la communauté (ou consorce) des prêtres de Puylaroque. Au prestige de l’église concourt la présence, depuis 1360, d’une relique du Saint-Voile, qu’un écuyer du roi d’Angleterre aurait distraite du fameux suaire de Cadouin (plus probablement, un fragment de sa doublure ou de sa garniture de présentation). Selon d’autres sources, elle serait à rattacher, avec la Sainte Coiffe de Cahors, aux libéralités de Charlemagne en Quercy.

Les reconstructions de la fin du XVIe s. font suite aux troubles des guerres de Religion : mouvements des armées calvinistes à partir de 1580, puis siège de la place par celles de la Ligue conduites par le marquis de Villars en 1591. Au XVIIIe s., les préséances ont définitivement basculé : l’église de Puylaroque prend le titre paroissial, tandis que Mazerac lui est donnée pour annexe. D’importants travaux de réparation (contreforts, couvertures, voûtes, frontispice Ouest) sont effectués en 1810. Dans la deuxième moitié du XIXe s., d’autres transformations renouvellent le décor, donnant lieu à une nouvelle consécration le 3 septembre 1878 par Mgr Legrain, évêque de Montauban, à l’issue de vingt-cinq ans de travaux. Quelque temps plus tard, en 1883, l’abbé Joseph Razoua, curé du lieu, répondant tout d’abord à un questionnaire de son évêque destiné à améliorer la connaissance historique et archéologique des paroisses du diocèse, publie de riches Notes et documents qui constituent toujours la base d’une information approfondie sur le passé de Puylaroque. Au XXe s., l’inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques fut prononcée par arrêté du 31 mai 1927.

Les maçonneries en pierre de taille soigneusement assisées sont couronnées d’une génoise moderne ; les toitures sont en tuile canal. Le clocher, dont la partie haute est du XVIIIe s., a connu divers aménagements : il fut un temps couronné d’une coupole, puis d’une toiture à trois pans avec fronton, enfin, en 1998-1999, d’un édicule en cuivre sur le modèle de l’ancien clocher. Les glacis des contreforts ont été modifiés et surmontés de dalles en béton. On pénètre dans la nef unique par la porte principale, du XIXe s., ou par l’une des portes latérales. Au sol on relève la présence de pierres tombales des XVIIe et XVIIIe siècles. Si le frontispice et la première travée, à l’ouest, datent du XVIIIe s. et représentent une extension de l’édifice, les quatre autres travées, inégales, remontent au XIVe s., ainsi que leurs voûtes et celles des six chapelles latérales aménagées entre les contreforts ; le chœur à chevet plat percé de trois baies longues et étroites, qui correspond à une cinquième travée, ouvre au nord sur la chapelle Notre-Dame des Grâces, de plus amples proportions, formée de deux travées. La tourelle qui la flanque possédait son campanile propre, attaché à la chapellenie fondée par Bernard de Carit.

Le décor peint, entrepris avant 1853 et achevé par un élève des frères Pedoya, Henri Petit (1830-1906), de Verfeil en Tarn-et-Garonne, était constitué, sur les voûtes, d’arabesques, candélabres et rinceaux sur fond bleu azur dans un style néo-Renaissance et complété sur les murs de motifs au pochoir, avant sa réduction au XXxe s. et l’exécution de reprises dans la nef. Les vitraux du XIX e siècle des ateliers toulousains de Victor Gesta sont conservés, ainsi que le mobilier liturgique de la seconde moitié du siècle : maître-autel avec ciborium et pinacle surmonté de la croix, en pierre d’Arles, sculpté par Paul Espinasse, d’Albi, autels et statues des chapelles, œuvres des ateliers Virebent, de Toulouse. Des pièces anciennes (un encensoir de la fin du XVIIe s. ou du début du XVIIIe, deux plats de quête du XVIe s. ornés l’un d’une figure de saint Georges terrassant le dragon, l’autre d’une Vierge à l’Enfant, un calice et patène d’argent du XVIIIe s.) constituent une sorte de petit trésor regroupé autour du coffret-reliquaire du Saint-Voile, objet composite remonté après la confiscation et la fonte du reliquaire d’origine pendant la Révolution : le coffret de bois recouvert d’argent et de nacre, aux armes de la famille des Prés et d’une autre famille non identifiée, est surmonté d’une croix d’argent portant le poinçon de la curie pontificale sous Clément VI (1342-1352), dans laquelle il faut sans doute reconnaître celle qui fut léguée au chapitre collégial de Montpezat-de-Quercy par le cardinal Pierre des Prés (1280-1361), vice-chancelier, sous quatre papes d’Avignon. Le tableau de L’Apparition du Christ ressuscité à saint Dominique date du XVIIe s. ; celui représentant sainte Marguerite, œuvre d’Oscar Varcollier (1820-1846), d’après Raphaël et Giulio Romano (musée du Louvre, inv. 607), résulte d’une commande de l’État en 1843.

La restauration des toitures et des maçonneries a nécessité des travaux importants auxquels la Sauvegarde de l’Art français a participé en 2013 à hauteur de 15 000 €.

Paul Mironneau

Bibliographie :

Abbé L. Razoua, Notes et documents pour servir à l’histoire civile et religieuse de Puylaroque, Montauban,1883, réimpr. Paris, 2007.

Fr. Moulenq, Documents historiques sur le Tarn-et-Garonne, Montauban, 1879-1894, t. 2, p. 301-306.

P. Gayne, Dictionnaire des paroisses du diocèse de Montauban, Montauban, Association Montmurat-Montauriol, 1978, p. 187.

E. Moureau, « Reliquaire du Saint Voile », dans Tarn-et-Garonne. Histoire d’un département, catalogue d’exposition, abbaye de Belleperche, 2008, Montauban, Conseil général du Tarn-et-Garonne, 2008, n° 31, p. 71-73.

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