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La Mise au tombeau, Bernay-Neuvy-en-Champagne

Dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France, deux étudiants de Sciences Po Paris, Maximilien & Augustin , vous invitent à soutenir la restauration de ces retables de Bernay-Neuvy-en-Champagne, petite commune de la Sarthe.

La somme de 5 000 € est recherchée pour aider la commune à réaliser l’étude préalable, à nettoyer les retables, et à replacer les deux têtes d’apôtres égarées au siècle dernier et récemment retrouvées.

Les retables du Nouveau Testament

 Les retables de l’église Saint-Julien-le-Pauvre à Bernay-Neuvy-en-Champagne offrent un remarquable témoignage de l’âge d’or artistique du Maine au XVIèmesiècle. Cet ensemble harmonieux est l’un des premiers exemples connus de la tradition de sculpture en terre cuite du Maine, qui constitue l’une des grandes richesses du patrimoine de la région, dans l’actuelle Sarthe. Les retables, d’admirable facture, représentent des scènes majeures du Nouveau Testament : la Nativité, la Cène et la Mise au Tombeau.

La Nativité, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Cène, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Mise au tombeau, Bernay-Neuvy-en-Champagne

 

Un foyer majeur de la sculpture française à la Renaissance

Au XVIèmesiècle, les guerres de religion déchirent la France. Les réformés condamnent l’usage des images dans l’Église catholique, et détruisent celles des églises et de la cathédrale du Mans lors de la prise de la ville en 1562. L’année suivante, le Concile de Trente annonce la riposte de l’Église en réaffirmant la légitimité des images religieuses. Dans le Maine, d’innombrables figures sculptées du Christ, de la Vierge et des saints viennent peupler les niches de monumentaux retables qu’on dresse dans les sanctuaires. Mis en lumière par l’éclairage de fenêtres élargies à cet effet, sculptures polychromes et retables multicolores offrent alors un spectacle inédit qui sollicite vivement les sens des fidèles. L’ensemble de Saint-Julien-le-Pauvre s’inscrit pleinement dans l’esprit de cette Contre-Réforme : les scènes représentées offrent aux fidèles une saisissante synthèse du Nouveau Testament, de la naissance du Christ jusqu’à son ultime sacrifice.

Portée par le nouvel élan de dévotion et la présence abondante de l’argile, la sculpture en terre cuite se développe dans le Maine, qui devient un foyer artistique d’une qualité sans précédent dans la région. Les terracottistes du Maine sont initiés à cette pratique par les sculpteurs italiens venus s’installer dans le Val de Loire à la demande de la cour, et diffusent le savoir-faire de la Renaissance. Le modelage de la terre permet aux artistes de répondre à la très forte demande en sculptures religieuses, les amenant à exercer leurs talents largement au-delà des limites de leur province : leurs œuvres figurent parmi les plus remarquables de l’histoire de la sculpture française de cette époque. En témoigne la finesse d’exécution des retables de Saint-Julien-le-Pauvre, traités tour à tour en bas-relief, haut-relief et ronde-bosse, qui préfigurent l’âge d’or des personnalités telles que Gervais Delabarre, Charles Hoyau ou encore Pierre Biardeau, dont on trouve les œuvres au Mans, dans la Sarthe et dans nombre d’églises en France. Une exposition leur a par ailleurs été consacrée au Louvre en 2002.

L’église Saint-Julien-le-Pauvre

 L’église Saint-Julien-le-Pauvre date du XIèmesiècle. De cette période romane subsiste encore le portail de la façade ouest de l’église, mais le chœur et le transept ont été bâtis en 1530 par René et Louis d’Orvaux, seigneurs de la Renaudière. Quant au sculpteur, la carrière souvent itinérante des terracottistes manceaux explique qu’il soit demeuré dans l’anonymat.

 Une œuvre de rare finesse, reflet de l’histoire locale

Dans le retable de la Nativité, situé dans le transept nord, le regard est tout de suite attiré par le nouveau-né dans la mangeoire. En plus de l’âne et du bœuf à l’arrière-plan, on remarque les beaux édifices Renaissance en bas-relief et la petite cornemuse du berger caché à droite.

En arrière-plan, les bergers aperçoivent l’ange qui leur annonce la naissance de leur Sauveur, inscrite sur un phylactère. Leur puissance symbolique est grande : ils incarnent le petit peuple, les gens simples à qui Dieu se manifeste avant tous les autres. On est alors étonné par la présence des personnages au premier plan, qui portent de luxueux habits et sont accompagnés, non pas de chiens de bergers, mais de beaux lévriers, symbole d’un statut social prestigieux. Les commanditaires, sûrement les seigneurs de la Renaudière résidant au château voisin, tenaient probablement à se faire représenter sous les traits de ces bergers venus adorer le Christ, en signe d’allégeance renouvelée à la foi catholique.

Devant le retable de la Cène, au centre du chœur, on est frappé par l’expressivité des visages des apôtres et du Christ, chacun sculpté de manière différenciée et unique. Jésus vient d’annoncer à ses disciples que l’un d’eux va le livrer : on lit dans les postures et les regards la surprise, la crainte, l’interrogation. Les traits sont multiples, les chevelures soignées, tout comme les barbes – sauf pour le jeune saint Jean que l’on reconnaît à côté de Jésus. Quant à Judas, il est identifiable tout à gauche de la scène, avec dans sa main la bourse qu’il obtient en récompense de sa trahison.

Enfin, la Mise au Tombeau offre un spectacle douloureux et pathétique. L’éloquence des personnages est bouleversante, et contraste avec la paix apparente du corps du Christ détaché de la croix. La tristesse et le recueillement se lit sur les visages : saint Joseph d’Arimathie soutient avec amitié le corps de Jésus à sa tête, tandis que le notable Nicodème est à ses pieds, reflet de leurs positions sociales respectives dans la société juive de l’époque. Derrière eux, saint Jean console la Vierge, et Marie-Madeleine a apporté un vase pour embaumer le corps.

Une restauration suite aux intrigues de l’histoire

Les retables portent aujourd’hui les marques sévères du temps. Par endroits, la terre cuite est fissurée et la peinture craquelée. Ils ont également subi les maladroites interventions de restaurations antérieures. La mangeoire du Christ a par exemple été grossièrement bouchée par du mortier. Un nettoyage avec comblement des lacunes est donc nécessaire.

De plus, la restauration permettrait de donner une fin heureuse à une histoire mouvementée aux nombreuses péripéties… En effet, au siècle dernier, deux têtes d’apôtres de la Cène ont été égarées. On trouve aujourd’hui à leur place de maladroits modèles en résine. Alors qu’on pensait avoir à tout jamais perdu les originales, elles ont été récemment retrouvées et n’attendent plus que de regagner leur emplacement d’origine.

Enfin, la restauration des retables permettrait également d’effectuer une étude des différentes couches picturales présentes sur les groupes sculptés. En effet, les retables n’ont pas toujours arboré ce revêtement monochrome, qui n’a été apposé qu’à la fin du XIXèmesiècle. Les sculptures en terre cuite étaient systématiquement peintes, comme le montrent certaines traces de couleurs subsistant encore sur les retables.

Les destructions de la Révolution, l’œuvre du temps et la modernisation des églises au XXèmesiècle ont privé le Maine de nombre de ses sculptures en terre cuite. Il faut aujourd’hui sauver les retables de l’église Saint-Julien-le-Pauvre qui constituent un témoignage exceptionnel de l’histoire du Maine et de ses traditions artistiques.

Bibliographie

  • Geneviève Bresc-Bautier, François Le Bœuf (dir.), Terre et ciel. La sculpture en terre cuite du Maine (XVIèmeet XVIIèmesiècles), Cahiers du patrimoine, n° 66, Paris, Éditions du patrimoine, 2003.
  • [Exposition. Paris, musée du Louvre 2002], Belles et inconnues. Sculptures en terre cuite des ateliers du Maine XVIème-XVIIèmesiècles, Étude iconographique, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2002.
  • François Le Bœuf, Sculptures en terre cuite du haut Maine, Itinéraire du patrimoine, n° 278, Nantes, ADIG, 2003.

 

Le projet en images

Maximilien Marek et Augustin Wiliamson, étudiants en charge du projet

La Sauvegarde de l’Art Français

La Cène, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Cène, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

Eglise Saint-Julien-le-Pauvre, Bernay-Neuvy-en-Champagne

Eglise Saint-Julien-le-Pauvre, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Cène, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Cène, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Mise au tombeau (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Mise au tombeau (détail)

La Mise au tombeau (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Mise au tombeau (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Cène (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Cène (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Cène (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Cène (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Nativité (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Nativité (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Nativité (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Nativité (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Nativité (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Nativité (détail)

La Nativité (détail), Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Sauvegarde de l’Art Français

La Mise au tombeau, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Mise au tombeau

La Nativité, Bernay-Neuvy-en-Champagne

La Nativité