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Située dans la partie haute du bourg, dans un espace dégagé qui correspond sans doute, au moins en partie, à l’emprise de l’ancien cimetière, l’église de Saint-Christophe, dédiée au saint qui a donné son nom au village, était à l’origine une dépendance de l’abbaye, toute voisine, de Lesterps. Elle se présente comme un bâtiment assez compact, avec un chevet à trois pans, dépourvu de contreforts d’angle, une nef relativement large couverte par un toit à trois pentes dont l’une correspond au couronnement horizontal de la façade occidentale ; celle-ci est percée d’un portail en arc brisé, comportant trois voussures ; dans le mur nord, une petite porte donne accès au bas de la nef. Un clocher de plan carré s’élève sur le côté nord du chœur et son étage inférieur sert de sacristie. Le sol de la nef présente une assez forte déclivité depuis le chœur jusqu’à la porte principale de l’église.

Malgré une impression générale de relative unité, due principalement au matériau employé, cet ensemble n’est pas homogène. Le chevet et la travée droite qui le précède, remontent peut-être au XIIe s., mais pourraient ne dater que du début du siècle suivant. Comme il arrive souvent dans les édifices construits en granit, la qualité de l’appareil contraste avec l’absence totale d’ornement ; on peut cependant noter le soin apporté à l’exécution des chapiteaux à la corbeille nue, qui soutiennent les doubleaux de la travée droite.

La nef est le résultat d’un agrandissement de l’église à la fin du Moyen Âge. Deux chapelles, peu profondes et juste assez vastes pour contenir un autel de dimension modeste, ont alors été aménagées au nord et au sud de l’extrémité orientale de cette nef ; elles communiquent avec celle-ci par des arcs brisés dont le profil et le système de pénétration directe dans les murs sont compatibles avec la date de 1489 fournie par le pouillé historique du diocèse d’Angoulême. On pourrait, en revanche, hésiter à attribuer à une période aussi tardive la porte occidentale dont la forme évoque plutôt la pleine période gothique ; mais il faut sans aucun doute imaginer que les tores qui garnissent les voussures et qui sont, dans leur état actuel, comme « suspendus » dans la partie haute de la porte, étaient prolongés au niveau des piédroits par des éléments cylindriques, probablement monolithes, formant ainsi un ensemble de tores continus selon une formule particulièrement fréquente et durable en Limousin.

Cette nef était-elle voûtée ? L’unique contrefort du mur nord (qui n’a pas d’équivalent au sud) est un argument un peu faible en faveur de cette hypothèse, même si l’épaisseur des murs est, par ailleurs, compatible avec l’existence d’une voûte (en matériau léger ?), qui se serait effondrée au XIXe s. et aurait été remplacée en 1848 par un couvrement de bois (refait en 1999), alors que la partie haute du clocher aurait été reconstruite dès 1829.

Des travaux, signalés par ailleurs en 1690, auraient pu porter sur les murs latéraux de la nef dont l’appareil, pour autant que l’on puisse en juger sous les enduits, ne semble pas très homogène et dont les parements intérieurs pourraient avoir été rénovés, ainsi que les percements, au XIXe siècle. Mais l’on pourrait aussi rattacher à ces travaux de 1690, l’installation dans le sanctuaire d’un grand et beau retable en bois peint et doré (cl. M.H. le 5 septembre 1981 et restauré en 1998), installation qui entraîna l’obturation de la fenêtre centrale de l’abside. Pourvu d’un devant d’autel (avec une image du Christ Sauveur dans un médaillon) et d’un tabernacle (orné d’un Bon Pasteur et des médaillons des saints Pierre et Paul), ce retable est cantonné de petites colonnes torses et présente au centre une peinture avec de part et d’autre les statues de saint Augustin (tenant son cœur enflammé) et de saint Gautier. On note aussi à l’intérieur de l’église, dans l’abside, les restes d’une litre aux armes des du Teil, la présence, à l’entrée du chœur, d’une « Vierge vêtue », et aussi, au bas de la nef, du côté nord, un bénitier et, du côté sud, une cuve baptismale, taillés tous les deux dans le granit, et dont les formes massives sont d’un type fréquent en Limousin. Un très grand tableau, bien difficile à dater, représente le saint titulaire de l’église (dont deux statuettes récentes sont par ailleurs visibles à l’extérieur de l’édifice, l’une au-dessus de la porte principale, l’autre sur le mur nord).

Quoique dépendant, du fait de son rattachement à la Charente, du diocèse d’Angoulême, l’église de Saint-Christophe appartenait au diocèse de Limoges ; tout, matériau, mode de construction, style architectural, la rattache en fait au Limousin.

Les travaux dont il a fait l’objet ont redonné à cet édifice, modeste mais très représentatif, toute sa dignité. La Sauvegarde de l’Art français y a participé, dans leur phase finale, en accordant à la commune une somme de 8 000 € en 2013.

Jean-René Gaborit

 

Abbé J. Nanglard, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, 4 vol., Angoulême, 1894-1903, t. III, p. 21-22 et t. IV, p. 486-487.

J. George, Les églises de France. Charente, Paris, 1933, p. 229.

P. Dubourg-Noves, Les églises de France (à paraître).

Le projet en images