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Vers 1034, Honfroy de Vieilles, sire de Pont-Audemer et  restaurateur de l’abbaye Saint-Pierre de Préaux, fait don à cette dernière de la chapelle Saint-Firmin située dans la paroisse de Saint-Martin-le-Vieil, dans le petit vallon d’un affluent de la Risle. La chapelle resta jusqu’à la Révolution dans le patrimoine de l’abbaye. À la différence de nombreux autres édifices du même type, elle ne semble pas liée à une implantation seigneuriale,  mais à un culte populaire peu représenté en Normandie, celui de saint Firmin. Le saint, que l’on invoquait pour la guérison du rachitisme, y faisait l’objet d’une forte dévotion populaire et d’un pèlerinage dont la tradition  resta vivante  au XXe siècle ; la dernière cérémonie eut lieu en 1962 ou 1963 et certains habitants se souviennent encore des processions autour de la chapelle et des paroles du Cantique de saint Firmin que l’on chantait à cette occasion.

L’édifice, de plan rectangulaire, à chevet plat, est long d’une quinzaine de mètres et large de six ; il est construit entièrement en pans de bois à grille et croix de saint André sur solin de pierre calcaire. Il comporte huit travées irrégulières dont les deux du côté oriental ont été reprises. La toiture à deux longs pans est coiffée dans sa partie ouest d’un court clocher en essentes. Un chronogramme porté sur une sablière extérieure constitue l’un des seuls éléments chronologiques en notre possession. Sa lecture malaisée laisse le choix entre  1528 et 1598, mais rattache en tous les cas la construction au XVIe siècle. Neuf  vitraux  datés de 1605 et illustrant la légende de saint Firmin y étaient encore visibles avant leur vente vers 1929. Désaffectée, mal entretenue, son mobilier dispersé, la chapelle est transformée en bâtiment d’exploitation agricole dans les années 1980. L’intérieur, à volume unique, a de ce fait été fortement touché, mais présente encore sa structure de bois constituée de forts poteaux supportant des entraits sur lesquels la voûte lambrissée repose directement.  La suppression de certains éléments de charpente (plusieurs aisseliers et un  entrait) a fragilisé la structure qui a commencé à verser sur le côté sud.

Le rachat de la chapelle en 1994 par un propriétaire fortement motivé a permis de sauver ce rare exemple d’édifice religieux entièrement en pans de bois.

Pour le drainage, la réfection des façades en torchis et la restauration de la voûte, la Sauvegarde de l’Art français a  accordé 9 909 € en 2001.

L. D.

 

Bibliographie :

Conservation régionale des Monuments historiques : dossier du propriétaire, 1994 ; dossier de recensement (L. Dumarche), 1994.

Service régional de l’Inventaire : dossier (R. Benoît-Cattin), 1987.

A. Le Prévost, Mémoires et notes pour servir à l’histoire du département de l’Eure, éd. L. Delisle et L. Passy, Évreux, 1862-1869, t. III, p. 159-160 (« Saint-Martin-Saint-Firmin »).

A. Montier, « Les vitraux de la chapelle Saint-Firmin… », Société des Amis des arts du département de l’Eure, Bulletin XVIII, 1902, p. 33-39.

R. Duquesne, « Les vieux pèlerinages normands : à la chapelle Saint-Firmin », L’Écho libéral de Pont-Audemer, 2-9 et 16 novembre 1929.

M. Baudot, « Les églises des cantons de Cormeilles et de Saint-Georges du Vièvre», Nouvelles de l’Eure, n° 21, 1964, p. 36-37.

Bulletin des Amis des monuments et sites de l’Eure, n° 42, 1987, p. 11.

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