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Longtemps fermée au public à la suite d’un arrêté de péril pris en 2000, l’église paroissiale de Saint-Maurice-la-Souterraine s’offre, grâce à sa récente mise en valeur, à la découverte des habitants, mais aussi des visiteurs. Précédée d’une croix monumentale, elle est située au centre du bourg, face à la mairie. Dédié à saint Maurice, le monument a été réalisé en pierre de taille de granit et couvert de tuiles plates. Son architecture actuelle témoigne d’une construction en deux temps : une nef élaborée dans la seconde moitié du XIIs., suivie dans la première moitié du XIIIe s. de la mise en place d’un voûtement au style évocateur du gothique rural de la Marche limousine.

Le plan est simple puisqu’il s’agit d’un vaisseau rectangulaire logé entre deux pignons, constitué de quatre travées, la dernière formant chœur. Au XVIIe s. ont été ajoutés sur le mur méridional de la travée du chœur, un bâtiment servant de sacristie, et, sur la façade occidentale, un caquetoire appelé localement « le dôme ».

Une fois passé ce porche d’entrée, couvert en bardeaux de châtaignier, se déploie un portail polylobé, « petit cousin » du majestueux portail occidental de l’église Notre-Dame de La Souterraine, édifice voisin. Composé de trois voussures et de cinq polylobes à redent et agrémenté de chapiteaux simplement épannelés, le portail d’entrée est surmonté d’une corniche à modillons sculptés de masques. Extérieurement, l’église, qui n’a pas de clocher, est scandée de contreforts plats à glacis, renforcés postérieurement. Elle est éclairée de baies en plein cintre. A l’est, elle se termine par un chevet plat à triplet. A l’intérieur, une tribune du XVIIe s. occupe la première travée. En 1938, la nef a été scindée entre la deuxième et la troisième travée par un mur diaphragme composé d’une maçonnerie de moellons, afin de pallier l’affaissement de l’arc doubleau. Ce mur a été détruit lors des travaux de restauration pour retrouver le volume intérieur d’origine. Les murs gouttereaux des trois premières travées de la nef sont rythmés par des arcs aveugles. La nef est voûtée d’ogives de profil torique qui retombent pour les trois premières travées, sur des pilastres, et, pour la travée du chœur, sur des colonnes engagées à chapiteaux à crochets, chaque support étant accosté de consoles décorées de masques ou de feuillages. Des clés de voûtes ornent trois travées : une roue de pétales pour la seconde, un Agneau pour la troisième, une main bénissante pour la quatrième.

Des peintures murales ont été mises au jour à l’occasion des travaux de restauration. Bien que très lacunaire, un décor ornemental soulignait l’architecture : faux appareil, frises de palmette…, utilisant une gamme chromatique représentative du XIIIe s. : ocres rouge et jaune, bleu-noir et vert. Ces peintures murales ornementales s’inscrivent dans le corpus régional des décors peints du XIIIe s., dont des exemples sont visibles dans les églises creusoises d’Ajain ou de Paulhac (Fursac). Des croix de consécration sont également conservées, ainsi que des litres funéraires. Sur le mur septentrional de la première travée apparaît un personnage peint schématiquement en rouge, probablement un graffiti. Le mobilier de l’église est composé d’objets d’époque moderne et contemporaine, notamment un maître-autel en forme d’autel-tombeau et d’un tabernacle urne, en bois doré et faux marbre datant sans doute de la deuxième moitié du XVIIIe s., ainsi que trois statues en bois polychrome et doré, datant également de la deuxième moitié du XVIIIie s. : saint Jean-Baptiste, saint Michel archange et saint Maurice, toutes trois inscrites au titre des monuments historiques en 1976.

Afin de préserver le monument, la commune a engagé des travaux de restauration générale. Pour soutenir ce projet, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 12 000 € en 2016 qui a contribué à la stabilisation définitive de l’édifice, à la restauration du beffroi et à la restauration intérieure des travées n° 1 et 2.

Géraldine Thévenot

 

Bibliographie :

Service régional de l’Inventaire général (DRAC du Limousin), dossiers d’inventaire d’architecture et d’objets mobiliers : F. Celer, M.-E. Desmoulins, Inventaire du patrimoine du canton de La Souterraine (Creuse).

Ministère de la culture et de la communication. Base Architecture-Mérimée, Base Mobilier-Palissy, 1996.

L. Lacrocq, Les églises de France, Creuse, Paris, 1934, p. 151-152.

A. Lacrocq, « L’église de Saint-Maurice-la-Souterraine », Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. 26-3, 1937, p. 651-654.

 S. de Montessus de Ballore Lecointe, Retables et tabernacles des xviie et xviiie siècles dans les églises de la Creuse, Paris, 1988, p. 128 et fig. 65.

J.-M. Beausoleil, F. Celer, M.-E. Desmoulins, Le Pays de La Souterraine, 3, Creuse (DRAC du Limousin, Services régionaux de l’archéologie et de l’inventaire général), Limoges, 1997, p. 3-4 (Itinéraires du patrimoine, 144).

Le projet en images