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LA CHAPELLE SAINT-PAUL se trouve dans un lieu-dit de la commune de Tercillat (Creuse), à la limite nord de ce département et de celui du Cher. Elle est située à 1,5 km à l’ouest du bourg sur une légère éminence, près d’un croisement de deux voies : un axe nord-sud qui reliait Châtelus-Malvaleix en Marche à La Châtre en Berry, et un autre, orienté est-ouest, qui joint Boussac à Aigurande (actuelle D 2). Tercillat a toujours fait partie du diocèse de Limoges. Saint-Paul, sous l’Ancien Régime, dépendait du duché, puis de la généralité de Berry. Il relevait au spirituel du diocèse de Limoges depuis le XIe s., mais une charte (entre 1052 et 1063) donna ce prieuré à l’abbaye berrichonne de Déols.

Des difficultés prévisibles s’élevèrent avec le curé de Tercillat. Un accord de 1314 entre l’évêque de Limoges et l’abbé de Déols y mit fin, par une réunion de fait des deux paroisses, puisque le curé de Tercillat en assurait désormais le culte, les revenus du prieuré étant affectés à l’infirmerie de Déols.

La modestie de l’édifice (21 m de long), l’absence de lieux réguliers attestés, les termes de l’accord de 1314 laissent à penser qu’il s’agissait d’un simple prieuré-cure. On signale dans le voisinage une autre chapelle, démolie puis reconstruite au XIXe siècle.

L’ensemble du bâtiment comprend une nef rectangulaire de 13,40 m sur 6,90 m couverte d’un lambris cintré enduit, prolongée d’un chœur plus étroit également rectangulaire et lambrissé, surélevé de deux marches, mesurant 6,90 m de long sur 5,70 m de large, qu’un passage en arc brisé surbaissé, large d’1,50 m, fait communiquer avec la nef. Un massif autel de pierre sans décor est adossé à la paroi orientale aveugle. Nef et chœur sont couverts d’une charpente à entraits retroussés sous un toit de tuiles plates à deux pentes. Deux étroites fenêtres largement ébrasées vers l’intérieur sont percées dans chaque gouttereau de la nef, et une de chaque côté du chœur. Leur aspect extérieur coiffé d’un petit arc bombé brisé est l’indice d’une reconstruction tardive (XVIIe siècle ?).

La façade seule est en pierre d’appareil. La porte en arc brisé orné d’un tore est précédée d’une marche. Trois corbeaux à masques humains très usés évoquent peut-être la trace d’un auvent disparu. À la base du triangle aigu qui sert de pignon, que couronne une croix chanfreinée, a été ouverte tardivement une petite baie cintrée. Les fondations de cette chapelle sont un peu déchaussées. Une longue fissure court le long de l’angle nord-ouest de la nef. Hormis la façade, les autres murs sont construits en moellons et briques, avec des remplois d’appareil de granit dans les angles. L’usage agricole donné un temps à ce monument avait nécessité l’ouverture d’une porte charretière dans la moitié orientale du gouttereau sud de la nef, entraînant la mutilation d’une fenêtre. La restauration récente a fait disparaître ces désordres.

Mobilier : une plaque émaillée de 1267, qui se serait trouvée à Saint-Paul, mais qui provient plus sûrement du prieuré de l’Artige, se trouve de nos jours au musée de Varsovie.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 15 000 € en 2013 pour la réfection générale des couvertures et la consolidation de la maçonnerie.

Pierre Dubourg-Noves

 

Archives de la Sauvegarde de l’Art français, C. Magnier, Notice sur Saint-Paul (travail remarquable dont nous nous sommes largement inspiré, P. D.-N.)

L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 184.

M.-M. Gauthier, « La plaque de dédicace émaillée datée 1267 d’un autel jadis à l’Artige, aujourdhui au Musée national de Varsovie, et les autels de l’Artige », Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. 87, 1960, p. 333-348.

P. Léger, « La plaque émaillée du Mas-Saint-Paul (commune de Tercillat, Creuse) », Mémoires de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, t. 57, 2011-2012, p. 99-108.

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