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La chapelle Notre-Dame du Traon (en français Notre-Dame du Val) est située à environ 2 km au nord-est du minuscule bourg de Trébabu, dans un vallon occupé par le moulin de Kerléo, et à 2 km de la mer, près du Conquet. Elle s’élève sur une plate-forme creusée à flanc de coteau et domine un ruisseau qui va se jeter dans la ria du Conquet. Une source, qui jaillit à l’angle nord-ouest de la chapelle, a été aménagée avec un petit auvent, qui protège une statue de la Vierge, et un escalier qui permet d’accéder à la fontaine en contrebas.

Dépendant jusqu’aux années 1770 des Kermorvan, seigneurs du château voisin qui ont laissé leurs armoiries (d’argent à la croix ancrée et alésée d’azur) en plusieurs endroits de l’édifice, elle fut cédée par ceux-ci à la paroisse et devint, par la loi de Séparation de 1905, propriété de la commune. C’est donc cette dernière qui a entrepris des travaux de restauration en 2004-2005.

La construction, de plan rectangulaire, peut remonter à la fin du xve ou au début du xvie s., si l’on en juge par le style des portes ouest et nord, ainsi que par le dessin du réseau de la maîtresse-vitre. Le clocheton à trois ouvertures qui surmonte le pignon occidental est apparenté à ceux de deux chapelles des environs : celle de Saint-Éloi en Plouarzel (1539), et celle de Bodonnou en Plouzané (1544). La maçonnerie est en pierre de taille de granit, sauf au chevet et au mur adjacent du côté sud, ce qui marque vraisemblablement une reprise. Les deux portes, à l’ouest et au nord, sont d’un travail soigné. Une sacristie est accolée au mur nord, dans le prolongement du mur du chevet.

L’intérieur frappe par l’existence, de chaque côté de la nef, de quatre grands arcs murés ; du côté sud, les trois premiers sont percés chacun d’une fenêtre ; de même, du côté nord, les arcs 1 et 3 sont percés d’une fenêtre, mais les arcs 2 et 4 s’ouvrent par une porte. Les voussures des arcs brisés s’amortissent directement dans les colonnes (ce qui daterait la nef du xvie s.). À l’origine, ces arcs ouvraient-ils sur des bas-côtés qui auraient par la suite été supprimés ? Y a-t-il eu un transept dont la sacristie pourrait être l’ancien bras nord et dont un bras sud serait lisible dans l’appareil irrégulier de l’angle sud-est de la chapelle ? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre.

Le mobilier se borne à un autel en forme de tombeau galbé, en bois polychrome, et la statuaire comporte trois statues en plâtre de style Saint-Sulpice (une Vierge et saint Joseph portant l’Enfant Jésus, une Vierge à l’Enfant marquée du Sacré-Cœur). La seule statue ancienne est en restauration : c’est une statue en bois polychrome d’une « Vierge à la figue », de style flamand, qui avait été volée en 1977 et qui a été retrouvée dans le Var en décembre 2005 ; elle porte l’inscription I[TROUN] VARIA AN TRAON (« Notre-Dame du Val »). Près de la porte ouest, un bénitier en pierre surmonte un écusson des Kermorvan, supporté par des lions et timbré d’un casque ayant pour cimier une tête d’oiseau.

La fontaine était jadis l’objet de traditions aujourd’hui disparues. On y conduisait les enfants qui tardaient à parler, et les jeunes gens faisaient flotter des épingles pour savoir s’ils se marieraient dans l’année.

La fin des travaux de restauration, menés sous la direction de l’architecte Bernard Le Moen, a été célébrée à la chapelle le 2 juillet 2005. Ils ont concerné la maçonnerie, la charpente et la couverture. La Sauvegarde de l’Art français y a contribué pour la somme de 3 000 €.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

Y.-P. Castel, A. Tanguy, « Trébabu, chapelle du Traon. Retrouvailles de la statue de Notre-Dame du Val, une « Vierge à la figue » du xvie siècle », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. CXXXIV, 2005, p. 90-92.

  1. Le Guennec, Le Finistère monumental, t. II, Brest et sa région, Quimper, 1981, p. 181.

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