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L’ancienne paroisse de Valeins se trouve mentionnée dès la fin du XIe s. (1097), dans une donation faite en  faveur de l’abbaye de  Cluny. Le prieur de Montberthoud présentait alors à la cure. En 1316, Louis Du Saix, chevalier, demandait par son testament à être enseveli dans l’église dont le patron était alors saint Laurent.

La plus ancienne description figure dans le procès-verbal de la visite pastorale effectuée par l’archevêque de Lyon, Mr Denis  de Marquemont, le 2 mai 1614 : il n’y avait alors ni curé ni vicaire. Le tabernacle de bois, placé sur le grand autel, s’ouvrait par l’arrière. Dans la nef, sur le côté nord, près de l’entrée du chœur se trouvait l’autel Saint-Clair dont on ne connaissait plus le fondateur. L’état de l’église laissait déjà beaucoup à désirer : il manquait une vitre au sanctuaire, la nef était sans vitres et décarrelée. La Révolution entraîna la destruction de la partie supérieure du clocher ; la paroisse fut supprimée et ne fut pas rétablie lors du Concordat. L’église fut alors désaffectée de fait, sinon en droit. Par la suite, le bâtiment fut entretenu dans l’espoir d’une nouvelle affectation, puis en 1872, on forma le projet de transformer cette église abandonnée pour en faire une école, un logement pour le garde et une salle de mairie. Seule la salle de mairie fut réalisée en 1878 dans la travée de chœur, l’abside semi-circulaire servant de débarras. La nef fut alors transformée en un hangar pour le matériel des agriculteurs voisins et, pour permettre l’entrée des outils volumineux, la commune remplaça le portail roman par une grande porte de remise rectangulaire ; elle vendit le portail en 1928 à un antiquaire de Beaune (Côte-d’Or), qui, selon la tradition, l’aurait revendu aux États-Unis.

La façade ouest présence un simple mur de galets ; cependant du portail primitif il subsiste des chaînes d’angle délimitant l’embrasure extérieure, et, juste au-dessus, un œil-de-bœuf muré, mais bien visible de la nef. Dans le pignon il reste aussi une petite fenêtre en plein cintre, certainement romane.

La nef rectangulaire est couverte d’une toiture à charpente apparente datée de l’automne-hiver  1454-1455,  par dendrochronologie.  Entre  le XVIIe et  le  XIXe s. elle devait être cachée par un plafond lambrissé. Le mur sud est de  reconstruction   relativement récente  (XVIIe-XVIIIe s.). Sur le mur nord, des croix de consécration peintes à l’ocre remontent sans doute au moins aux XVe-XVIe siècles.

De part et d’autre de l’arc qui s’ouvre sur la travée du chœur, on voit encore les bases de deux autels mentionnés dans les visites pastorales anciennes, et au-dessus d’eux, on devine, sous les enduits récents, des traces de décors peines. L’arc triomphal, en tiers-point, est composé de deux rouleaux en pierres layées ; mais les piédroits ont été refaits avec des moellons de ciment qui remplacent les pierres originelles détruites par un incendie (vers 1450) donc on voit les traces sur les murs adjacents (pierres rougies et en partie fusées).

La travée du chœur est voûtée d’une coupole sur trompes accompagnées chacune de deux poteries acoustiques bien conservées. Dans le mur, un petit portail latéral, naguère muré, présente deux très belles sculptures romanes. L’abside en cul-de-four est très sobre. La fenêtre axiale ébrasée dans les deux sens rappelle celles d’églises voisines ; elle est flanquée à droite et à gauche de petits culots sommairement taillés, destinés à supporter des statues.

Au-dessus de la travée de chœur s’élève le clocher qui a gardé, dans son mur sud, des vestiges importants d’une large fenêtre romane en plein cintre. Ce clocher est couvert d’une toiture en tuiles creuses.

Les caractères de ces divers éléments architecturaux permettent de dater cet édifice du milieu ou même du début du XIIe siècle.

L’église de Valeins a fait l’objet d’importants travaux de mise hors d’eau et de consolidation pour lesquels la Sauvegarde de l’Art Français a attribué une aide de 103 000 F en 1997.

P.C.

Le projet en images