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L’ancienne église paroissiale Saint-Martin, édifice modeste de la vallée du Cher, a subi bien des vicissitudes. La dernière en date fut sa désaffectation en 1897 et son remplacement par un nouveau lieu de culte construit dans son voisinage. L’accroissement très sensible de la population locale au cours des XVIIIe et XIXe s., pour les besoins en main d’œuvre d’un site métallurgique en développement constant, exigeait soit un agrandissement de la vieille église, malaisé et coûteux, soit une construction nouvelle sur nouveaux frais. Ce fut la solution retenue. Elle aurait pu être fatale au vieux sanctuaire dont la vétusté ne faisait que croître.

L’archéologue Buhot de Kersers, l’examinant en 1885, jugeait l’église « peu intéressante », ses chapiteaux romans étant « de la dernière barbarie ». Une curieuse circonstance la sauva : lors de sa désaffectation (1897), la municipalité put la louer à un marchand de vin qui en fit sa cave et son entrepôt. Cette situation perdura jusqu’en 1982, date à laquelle la municipalité en reprit possession et engagea une réflexion sur l’état matériel, les travaux à prévoir et le devenir de l’édifice.

Un état des lieux a été établi par un architecte du Patrimoine avec l’accord des Bâtiments de France. L’édifice, long de 33 mètres, comprend une nef d’origine romane (XIIe s.) couverte d’un plafond en planches et éclairée au sud par de petites fenêtres en plein cintre. Celle-ci communique par une arcade cintrée, flanquée de deux niches, avec un chœur de deux travées sous deux arcs en berceau brisé et un chevet droit voûté d’ogives (XVe s.) remplaçant l’ancien chevet roman dont les modillons ont été remontés sous la corniche extérieure. Greffée du côté sud de la première travée du chœur, une chapelle seigneuriale de la famille de Bigny montre encore la table de marbre noir portant une longue inscription à la mémoire de Joseph de Bigny, mort le 20 février 1616, et la pierre tombale  à l’effigie de Claude de Bigny, tué au siège de Montpellier le 10 septembre 1622 (cl. M.H. 1892).

En 1987, la municipalité a engagé les premiers travaux, comprenant la réfection de la couverture et la restauration du portail d’entrée. Avec l’aide d’une association de sauvegarde (ARESMAV), elle a entrepris le drainage des pieds de murs pour assainir les enduits extérieurs et intérieurs. De travaux étaient indispensables pour sauver les peintures murales qui se devinent sous les couches de badigeons modernes et qui semblent correspondre à une série de médaillons des « travaux des mois » et aux symboles des évangélistes (XIIIe siècle). Un relevé précis de ces décors a été établi par l’atelier Brice Moulinier, en attendant une restauration bienvenue.

En 2012, la Sauvegarde de l’Art français a donné 4 000 € à la commune pour la restauration des murs extérieurs et pour le drainage de l’ancienne église, destinée à devenir un lieu culturel municipal.

Jean-Yves Ribault

 

 Bibliographie :

A. Buhot de Kersers, Histoire et statistique monumentale du département du Cher, t. III. Bourges, 1885, p. 315-317.

Fr. Deshoulières, Les églises de France. Cher, Paris, 1932, p. 259-260.

Le Patrimoine des communes du Cher, t. I, Paris, 2001, p. 376.

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