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Signalée par un clocher fortifié qui lui donne toute son originalité, l’église Saint-Sulpice a beaucoup souffert des guerres qui ont ravagé l’Artois au XVIe et au XVIIe siècles. Elle comprend une puissante tour-porche, une courte nef flanquée d’étroits collatéraux séparés par deux colonnes, des croisillons saillants et un chœur allongé, d’élévation modeste. Les maçonneries sont faites dans la pierre crayeuse locale, à l’exception des soubassements, faits de grès, et du chœur, reconstruit tardivement en briques.

Si l’on en juge par l’étude des modénatures et par les nombreuses dates gravées dans les maçonneries, il semble qu’elle ait été reconstruite pour l’essentiel à la fin du XVIe s., à l’initiative d’un membre de la famille de Croÿ, dit-on, à partir d’éléments plus anciens. Oudart Lhoste, seigneur de Willeman, fit mener à partir de 1622 une campagne de restauration qui dut s’achever en 1644, comme le rappelle la date figurant au-dessus de la porte d’entrée.

Cinq ans plus tard, les troupes royales, qui faisaient le siège d’Hesdin, la saccagèrent et l’incendièrent au point qu’après leur passage, seule la tour demeurait debout. À nouveau ravagée en 1658 par les « Cocurlins » de Balthazar de Fargues qui en enlevèrent les cloches, l’église dut être laborieusement relevée, comme l’indiquent les millésimes de 1666 et 1692, puis régulièrement entretenue au XVIIIe s. qui vit la réédification du chœur.

Reconstruite à la fin du XVIe s. ou au début du XVIIe, la nef est couverte d’un berceau lambrissé, mais conserve les amorces de voûtes en pierre, probablement non exécutées plutôt qu’effondrées. De grandes arcades la séparent des étroits collatéraux, couverts de plafonds horizontaux. À l’extrémité orientale font saillie deux croisillons couverts de voûtes sur croisées d’ogives, celui du sud daté de 1592, celui du nord probablement un peu plus tardif.

Le chœur, de plan allongé et nettement plus bas, a été reconstruit en briques en 1770, mais ses fenêtres ont été reprises au XIXe s. dans le goût néogothique.

L’élément le plus intéressant est, sans conteste, le clocher-porche carré, élevé au-dessus d’un passage voûté, dont la terrasse sommitale, cantonnée de pittoresques échauguettes cylindriques, porte un beffroi polygonal, coiffé d’une haute flèche d’ardoise. Vraisemblablement construit dans la seconde moitié du XVe s., il a fait l’objet de nombreuses restaurations, en particulier en 1622-1644 et en 1712, lorsque les Lhoste firent reprendre des maçonneries, renouveler le parapet et le pavé de la terrasse qu’ils firent couvrir, ce qui modifia la silhouette de l’édifice.

La dernière restauration, menée à partir de 1861 par l’architecte hesdinois Clovis Normand, fut la plus importante, mais il est difficile d’en mesurer l’ampleur car, si l’on dispose de plusieurs projets et dessins d’exécution, on ne possède aucun état des lieux avant travaux. La galerie du clocher fut reconstruite en 1864, avec la tourelle et les échauguettes, la flèche d’ardoise remontée en 1867, et les derniers travaux intervinrent en 1913, à la suite d’un ouragan.

Pour participer à des travaux de restructuration de charpente et de couverture, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 20 000 € en 2011.

 

 

Philippe Seydoux

 

Bibliographie :

  1. Héliot, Les églises du Moyen Age dans le Pas-de-Calais, Arras, 1951-1953, passim.

 

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