Fermée depuis 6 ans pour une restauration totale, l’église Saint-Joseph de Roubaix renaît. Son extérieur très sobre contraste avec un intérieur somptueusement peint et décoré qui émerveille le visiteur.

Retour sur une restauration née d’une remarquable collaboration entre des personnalités du monde associatif et les dirigeants politiques.

Un patrimoine témoin de l’histoire de Roubaix au temps de sa splendeur industrielle

L’extraordinaire développement industriel de la ville de Roubaix au XIXe siècle lui a fait connaître une période de prospérité avec un accroissement exponentiel de sa population. Notre époque redécouvre la très grande qualité des ouvrages d’art construits grâce à cette prospérité qui fait de Roubaix un témoin remarquable de l’art de son temps.

Pour répondre à l’attente de la population ouvrière du quartier de l’Alma, en grande majorité flamande, l’archevêché de Cambrai fait appel en 1873 aux grands industriels du textile pour doter Roubaix d’une nouvelle église. L’architecte retenu est le baron Jean-Baptiste Béthune, célèbre pour avoir été le Viollet-Leduc de la Belgique. Tous les décors et le mobilier de l’église ont été dessinés par lui. Il a fait appel pour la réalisation des peintures murales au peintre hollandais Guillaume Beumens qui y travaillera pendant près de 30 ans. Ces peintures sont faites pour enseigner aux fidèles la religion catholique et sont un chef-d’œuvre des arts décoratifs du XIXe siècle.

Les peintures en restauration © L’œil / Michel Boucherie

La crise industrielle qui frappe Roubaix au XXe siècle n’épargne pas le quartier de l’Alma, et l’église Saint-Joseph est peu à peu délaissée. Au point que, faute d’entretien, l’édifice est promis à la démolition à la fin des années 80. Et pourtant, Bruno Foucart, inspecteur général des Monuments Historiques, célèbre pour avoir réhabiliter l’art du XIXe siècle en France et enfant du pays, obtient en 1993 le classement de l’église, fait tout à fait exceptionnel à cette époque pour un bâtiment néo-gothique.

Une association, les Compagnons de Saint-Joseph, animée par sa présidente Marie-France Jaskula, décide de s’opposer à l’abandon de Saint-Joseph et de faire revivre ce lieu.

Restauration des décors peints © L’œil / Michel Boucherie

Un projet pour revitaliser le quartier

À Roubaix, c’est d’abord la mobilisation sans faille des acteurs associatifs qui a permis de restaurer l’église Saint-Joseph. Avec eux, la ville s’engage dans un très ambitieux projet de rénovation totale de l’église : façades, toitures, charpentes, peintures murales et vitraux pour un budget de six millions d’euros. Il ne reste plus qu’à restaurer les retables de la nef et du transept, le chemin de croix pour qu’il retrouve sa polychromie et bien entendu l’orgue pour que l’église puisse offrir des concerts. Avis aux mécènes !

© L’œil / Michel Boucherie

La ville de Roubaix, qui a assuré la charge la plus importante des travaux, a reçu l’aide du département du Nord et de l’État. Mais aussi à hauteur de 600 000€ l’aide de mécènes. L’histoire mérite d’être contée : Lady Michelham of Hellingly, enfant du pays, grande mécène de Versailles, étant venu entendre la messe à Saint-Joseph, Mme. Jaskula, la présidente des Compagnons de Saint-Joseph, n’hésita pas à venir lui demander son aide. Lady Michelham of Hellingly, qui connaissait le président de la Sauvegarde de l’Art Français, lui proposa de donner à la Sauvegarde une somme importante pour qu’elle puisse soutenir le combat de Mme. Jaskula. Celui-ci enthousiasmé par le projet, en confia la direction au représentant de la Sauvegarde dans le Nord, M. Philippe Duprez, grâce à qui put être formé un cercle de mécènes sous la présidence de M. Damien Debosque dont la générosité fut exemplaire.

La restauration de Saint-Joseph, de ses magnifiques vitraux et décors peints constitue ainsi un exemple en matière de collaboration entre les différents acteurs publics et les mécènes, unis par la volonté de préserver un patrimoine cher au cœur des Roubaisiens. Pendant toute cette durée, la collaboration entre les différents acteurs publics et privés fut exemplaire. Aussi amicale qu’efficace, elle a créé des liens qui ne manqueront pas d’être utiles pour l’avenir du patrimoine de la région. Pour la Sauvegarde, cette collaboration a permis pour la première fois de de sortir de son champ d’intervention des églises antérieures au XIXe siècle et non-classées.

Désormais restaurée, l’église a été rendue au culte et une première messe a été célébrée le 18 avril dernier. Saint-Joseph fera désormais partie des incontournables dans le circuit touristique de la ville.

Une belle aventure pour tous les acteurs dans la première ville de la métropole lilloise labellisée Ville d’art d’histoire qui ne cesse d’innover pour sa culture et son patrimoine.