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Giverny (27) Eglise Sainte-Radegonde - Sauvegarde de l'Art Français

L’église de Bouëx est située à la sortie ouest du bourg, au nord d’un manoir des XVe-XVIIIe siècles. Dédiée depuis l’origine à saint Étienne (Sancti Stephani de Buxo, 1271, de Buxia, 1281), elle fut donnée en 1146 à l’abbaye Saint-Cybard d’Angoulême par le pape Eugène III, don reconnu par l’évêque Pierre Ier Titmond en 1161. Ruinée par les calvinistes, relevée à partir de 1631, voûtée en 1872 d’un berceau de brique enduite sur la nef, énergiquement décapée à l’intérieur en 1984, elle vient d’être l’objet d’une soigneuse restauration avec l’aide financière de la Sauvegarde de l’Art français.

Elle forme en plan un long rectangle orienté, se développant comme suit : à l’ouest, derrière la façade, un massif barlong sous berceau, très remanié au XVIIe s., ouvrant largement sur une nef unique de trois travées dont le berceau sous doubleaux portés par des colonnes engagées à chapiteaux nus, a été refait en brique au XIXe siècle. Puis vient une travée carrée, peut-être sous clocher à l’origine, dont le voûtement initial probable (en coupole sur pendentifs) a été remplacé par une voûte d’ogives contemporaine. Elle a reçu au nord – et non au midi comme on le trouve écrit – une petite chapelle carrée tardive voûtée d’ogives qui a été fort remaniée. Une dernière travée carrée à l’est sert de chœur ; elle a conservé dans son mur sud une piscine à deux cuvettes. La voûte d’ogives à triple rang de chevrons qui la couvre peut être rapprochée de celle de l’église voisine de Dirac[1]. Un mur droit percé d’un triplet éclaire le chevet. Deux larges contreforts plats montant jusqu’au départ de la toiture l’encadrent à l’extérieur. Les fenêtres latérales de l’édifice, à raison d’une par travée, sont étroites, cintrées et sans décor au- dehors, ébrasées vers l’intérieur Le récent nettoyage externe des gouttereaux permet de distinguer aisément les reprises et restaurations anciennes de l’appareillage.

La façade occidentale est simple et sans contreforts. Le rez-de-chaussée comprend un portail à trois voussures, dont la plus extérieure forme un arc un peu brisé sous une archivolte, qui se poursuit en bandeau jusqu’aux angles et, en retour, sur la face nord. Les deux autres voussures sont en plein cintre, et il y a apparence qu’elles ont été reprises au XVIIe s., ce que ne dément pas l’ornementation des quatre chapiteaux que supportent des colonnettes en délit sur bases en cloche. Ce décor, plus gravé que sculpté, n’a pas d’équivalent dans la sculpture romane de l’Angoumois et pourrait être un essai archaïsant dû à un artisan sculpteur du XVIIe siècle. On ne sait s’il représente, comme cela a été écrit, « la chute et la rédemption du genre humain ». On y pourra voir plus simplement, au milieu de feuillages au trait léger, quelques oiseaux et un serpent. Au-dessus du portail ouvre une petite baie quadrangulaire moulurée sous les consoles conservées d’une bretèche. La partie haute, nue et remaniée, correspond à une faible pente du toit et porte en son centre un modeste clocher carré moderne, percé d’une baie sur chacun de ses côtés, sous un petit toit aigu couvert d’ardoises.

Pour participer à la mise hors d’eau et à la stabilisation des maçonneries du chœur, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 10 000 € en 2012.

Pierre Dubourg-Noves

 

Bibliographie :

A. Gauguié, La Charente communale illustrée, Angoulême, 1865 (réimpr. 01-Péronnas, 1997).

Abbé A. Mondon, « Notes historiques sur la baronnie de Marthon », Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, 6e série, t. 5, 1895, p. 346.

Abbé A. Mondon, Notes historiques sur la baronnie de Marthon en Angoumois, Angoulême, 1897, p. 44-45 (réimpr. Marseille, 1980 ; Paris, 2010).

Abbé J. Nanglard, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, Angoulême, t. 2, 1894, p. 227 ; t. 4, 1903, p. 213.

J. Martin-Buchey, Géographie historique et communale de la Charente, Châteauneuf-sur-Charente, 1914-1917.

J. George, Les églises de France. Charente, Paris, 1933, p. 43.

G. Gaborit, Notice, 1948.

P. Dubourg-Noves, Les églises de la Charente (à paraître).

[1] Cette dernière comporte dans son angle nord-ouest une vis dans un massif barlong saillant vers le dehors, qui desservait une chambre haute couvrant ses deux travées orientales, le tout sous une couverture commune surélevée.

Le projet en images

Giverny (27) Eglise Sainte-Radegonde - Sauvegarde de l'Art Français