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L’ÉGLISE PAROISSIALE NOTRE-DAME s’élève à proximité d’un ancien château dont il ne reste rien, au point le plus haut du village, sur un éperon formé par la vallée de la Bar et la trouée de Noirval. D’après le pouillé du diocèse de Reims, antérieur à 1312, l’église était placée sous le patronage de l’abbaye de Mouzon. Les murs gouttereaux de la nef présentent les caractères du roman tardif et sont datables du début du XIIIe siècle : petites fenêtres en plein cintre et porte latérale nord couverte d’un linteau en bâtière décoré d’un arc trilobé et d’une croix pattée. Ils témoignent de l’existence d’un vaisseau unique charpenté de plus de dix mètres de large, solution alors assez peu répandue dans les Ardennes.

Dans le courant du XVe s., cette nef a été radicalement transformée par l’établissement de trois vaisseaux d’égale hauteur voûtés d’ogives. Le transept et l’abside polygonale remontent à la même époque, mais reposent peut-être sur des fondations plus anciennes. Malgré les restaurations postérieures, cette église flamboyante conserve une belle unité. À l’image des baies murées, placées derrière les retables, toutes les fenêtres étaient à l’origine divisées par un réseau dont la sinuosité si caractéristique du flamboyant restait encore timide. Des frises décorées de feuillages et d’animaux tiennent lieu de chapiteaux au sommet des piliers.

À en juger par la modénature des baies d’origine, c’est probablement dans la deuxième moitié du XVIe s. que l’église a été fortifiée par l’adjonction d’une tour-donjon à l’ouest de la nef, très caractéristique des défenses ajoutées aux églises de Thiérache et des Ardennes à cette époque. L’ouvrage est également à mettre en relation avec la construction de l’enceinte protégeant le bourg en 1578. Une grande bretèche protégeait l’entrée principale, tandis que deux petites étaient ajoutées aux portes latérales de la nef.

L’église a subi d’importantes restaurations au XVIIe siècle : reprise complète de la travée de la porte latérale sud dont le nouveau portail est amorti par un cadran solaire figurant le soleil et la lune (la date « 1652 » est gravée sur la bretèche au-dessus) ; restauration des arcades et du voûtement à l’intérieur, ainsi qu’en témoignent la présence des armes des Hannonet, notaires et juges seigneuriaux à Brieulles au XVIIe s., sur la première grande arcade droite de la nef. Un incendie aurait endommagé l’église en 1656, en particulier la tour. C’est sans doute à cette époque que les voûtes du rez-de-chaussée ont été remplacées par un plancher. Le portail ouest aurait été réparé en 1673.

En 1881, une restauration importante est conduite par l’architecte Jean-Baptiste Couty (1821-1894) : le parement du soubassement de l’église est entièrement repris (l’édifice est aujourd’hui fortement surélevé par rapport au niveau de l’espace public) ; la tour est modifiée, en particulier par la création d’un portail néogothique monumental et l’établissement de deux travées de voûtes d’ogives au rez-de-chaussée.

L’église conserve un ensemble de trois retables assortis, en pierre et marbre, et une chaire en bois. Ces meubles de grande qualité, non protégés M.H., ont probablement été réalisés dans le dernier quart du XVIIe s. à la suite de la réfection de l’église. Au XVIIIe s. des lambris sculptés ont complété le décor du chœur tandis que l’autel devant le grand retable était refait.

Après la restauration de deux pans de la toiture de la tour en 1989, il a été procédé à partir de 2012 à la réfection des couvertures de la nef (première tranche), puis du transept et du chœur (deuxième tranche). La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2013 une aide de 5 000 € pour la première tranche.

Bernard Ducouret

 

J. Hubert, « Statistique monumentale du diocèse de Reims. Département des Ardennes », Travaux de l’Académie de Reims, t. 17, 1852-1853, p. 222.

H. Vincent, Les inscriptions anciennes de l’arrondissement de Vouziers ou relatives à la région, Reims, 1892, p. 109-113.

A. Longnon, Pouillés de la province de Reims, Paris, 1908, t. I, p. 34.

O. Gueillot, Dictionnaire historique de l’arrondissement de Vouziers, Charleville-Mézières, 1988, t. II, p. 101-107.

P. Ostermann, Romanische Sakralarchitektur zwischen Maas und Aisne, Hildesheim, Zurich, New York, 1998, t. I, p. 46-49, 67-68, 239, et t. II, p. 40-41, 232.

Recensement du patrimoine architectural et mobilier des églises des Ardennes : inventaire-patrimoine.cr-champagne-ardenne.fr/dossier/eglise-paroissiale-notre-dame/dde4a2c4-694c-4d0e-9cbe-c596dd35ebd8

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