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L’église de la Nativité-de-la-Vierge, dont la nef était romane et les parties orientales gothiques, a été profondément remaniée du XVIIIe au XXe siècles. Les bas-côtés de la nef ont été reconstruits sans doute au XVIIIe s. et le vaisseau central a été abaissé sous un plafond afin de permettre la couverture de l’ensemble sous un seul toit à deux pentes. Les piliers, à l’origine cruciforme, ont été repris après la Première Guerre mondiale : on leur a donné alors une forme quadrangulaire plus trapue, tandis que la façade occidentale, modifiée, a été coiffée d’un mur- pignon aux rampants disgracieux. Un dessin de l’érudit Amédée Piette du XIXe s. reproduit la façade antérieure, pourvue d’une tourelle garnie d’une horloge au sud et d’un escalier au nord, de part et d’autre du clocher établi à l’extrémité de la nef. L’inscription « Jehan 1460 » qui figurait sur la façade avant sa reconstruction, traduit sans doute d’importants travaux de réparation consécutifs à la guerre de Cent Ans. Les éléments apparemment les moins touchés de la nef sont en définitive les arcs du premier niveau du vaisseau central, brisés dans les quatre premières travées, en plein cintre dans la cinquième travée, plus ample, ce qui témoigne sans doute de dispositions liturgiques disparues.

Les parties orientales ont été construites au XIIIe s., mais les bras du transept dont on distingue encore des amorces près de la croisée ont dû disparaître au XVIIIe s. au profit des deux modestes annexes latérales. Les puissants piliers cylindriques de la croisée ont été repris à la même époque, une fine mouluration venant alors remplacer le couronnement initial, qui était analogue sans doute aux chapiteaux de la travée de chœur beaucoup mieux conservée. Les dimensions imposantes de la croisée tranchent avec le caractère relativement trapu des autres parties de l’édifice. Les murs du chevet sont percés de grandes baies composées de deux lancettes sous un oculus, la baie orientale étant plus soignée que les autres. Le profil des arcs, ogives et doubleaux, la clef de voûte dépourvue de décor, l’épaisseur des formerets, renvoient indubitablement à l’architecture de la cathédrale de Reims, de même que les piliers de type cantonné de la croisée. Rien ne s’oppose à une datation pouvant remonter aux années 1220-1230 de cette partie de l’église qui traduit sans doute l’aisance du commanditaire, peut-être le patron de l’église, qu’il s’agisse du prieuré d’Acy-Romance près de Rethel, qui n’est pourtant attesté qu’à partir de 1572, ou de tout autre établissement.

À l’extrémité du bas-côté sud de la nef, les fonts baptismaux en pierre savamment moulurés pourraient dater du XIIIe siècle. L’autel et le tabernacle du chœur du XVIIe s.  proviennent du couvent du Charme (commune de Grisolles) où ils furent achetés par la municipalité de Fresnes en 1793.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé deux subventions : l’une de 6 098 € en 2001, l’autre de 23 000 € en 2002,  pour la réfection de la charpente et de la couverture de l’ensemble de l’édifice.

D.S.

 

Bibliographie :

M. David, « Notice descriptive de la commune de Fresnes », Annales de la Société historique et archéologique de Château-Thierry, 1893.

É. Moreau-Nélaton, Les églises de chez nous, arrondissement de Château-Thierry, t. 1, Paris, 1913.

J.-Cl. Druesne, Fresnes-en-Tardenois, église de la Nativité de la Vierge, avant-projet de restauration, Laon, 1999.

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