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L’église dédiée à Saint-Martin était un prieuré-cure dépendant de l’abbaye Toussaint d’Angers. Le fait que la seigneurie de Lignières ait été cédée par Charles de Sainte-Maure au chambrier et chevecier de la collégiale Saint-Martin de Tours au cours du XVe s., et peu après donnée à la collégiale, a pu entraîner des confusions sur les liens de ce prieuré avec l’abbaye angevine et la collégiale tourangelle. Il est possible que cette dernière soit intervenue au XVIe s. pour la construction de la nef latérale. L’édifice, en effet, se compose de deux parties : une église romane avec nef lambrissée et chœur composé d’une travée droite voûtée en berceau et abside en cul-de-four : c’est sans doute l’église citée dans une charte de 1162 ; le bas-côté, au sud, de même longueur et plus étroit sur la nef, a été élevé au XVIe siècle ; il est couvert de deux voûtes rectangulaires soutenues par des ogives complexes avec liernes et tiercerons.

La façade occidentale expose cette dualité : à gauche, la façade à pignon du XIIe s., très restaurée au XIXe, a gardé deux baies géminées et une large porte en arc brisé souligné par un cordon ; à droite, une façade Renaissance avec une rosace complexe au-dessus d’une porte encadrée de pilastres et d’un linteau droit orné de caissons.

Un ensemble complet de peintures murales romanes orne la voûte du chœur, dans le style et la qualité des créations de la Loire moyenne depuis le Berry jusqu’à l’Anjou, le Maine, le nord du Poitou. Décelées au XIXe s. par le comte de Galembert, elles disparaissent complètement, sauf les Travaux des Mois de l’arc triomphal, sous les restaurations abusives de l’abbé Brisacier, curé de la paroisse (1883-1907). L’étude et la dérestauration entreprises permettent de retrouver un véritable chef d’œuvre : le Christ en majesté entouré du tétramorphe reprend avec maladresse le thème qui n’a pas été retrouvé, mais les deux registres superposés de la travée droite peuvent supporter la comparaison de qualité, d’élégance, de clarté des ensembles voisins bien connus. Ils illustrent le début de la Genèse (création, tentation, expulsion du Paradis) et la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare (festin, mort et sein d’Abraham).

En face, sur le côté sud, le baptême et les tentations du Christ au désert.

En complément des travaux sur les peintures, et pour l’assainissement des maçonneries et des reprises de couvertures, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 6 000 € en 2009.

 

Philippe Chapu

 

Bibliographie :

 

  1. de Galembert, Excursion à Lignières, Villandry et Vallères, (Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. X, p. 38-42).

J.-X. Carré de Busserolle, Dictionnaire d’Indre-et-Loire, t. 4. 1882.

MSAT. t. 30, p. 61-62.

  1. Ranjard, La Touraine archéologique, p. 371-372.

 

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