• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Maizières-la-Grande-Paroisse (10) - église Saint-Denis

Église Saint-Denis. Cette église, qui s’élevait jadis au centre d’un cimetière supprimé en 1818, était le siège d’un prieuré-cure dépendant de l’abbaye Saint-Quentin de Beauvais, doyenné de Marigny. C’est un édifice composite qui a fait l’objet de modifications et de restaurations importantes dans le courant du XIXe siècle. La nef et les substructures du clocher datent de la fin du XIe et du début du XIIe siècle. Au début du XVIe s., après 1508, l’édifice est doté d’un nouveau transept double et d’un chevet à pans coupés. Le massif oriental extrêmement développé prend désormais la forme d’un chœur à trois vaisseaux terminé par une abside à pans coupés. Ces travaux s’inscrivent dans le grand mouvement de reconstruction des églises de l’Aube, et plus particulièrement des transepts et des chœurs, à la charge des décimateurs, les nefs à la charge des paroissiens étant le plus souvent conservées faute de moyens. Mais des traces de calcination sur les murs à l’entrée du chœur ayant été découvertes lors de la campagne de restauration de 1898, il se peut que cette reconstruction soit consécutive à un incendie.

La nef romane très simple, plus élevée que ses bas-côtés, est aujourd’hui éclairée indirectement par des fenêtres en plein cintre disposées irrégulièrement dans les murs goutterots. Des traces d’ouvertures dans la partie haute de la nef laissent à penser qu’à l’origine elle était éclairée directement par des fenêtres hautes. Dans le mur sud s’ouvre une petite porte surbaissée surmontée d’un linteau en pierre, émergeant de l’enduit qui recouvre l’ensemble des murs de la nef. La façade ouest, contrebutée  par deux contreforts, est percée d’une porte moderne en arc brisé, simplement soulignée de claveaux apparents. Elle est surmontée d’une fenêtre en plein cintre et d’un oculus ouvert dans le pignon. La partie haute du clocher, remaniée à l’époque classique, se termine par une petite flèche en charpente. Une tour ronde d’escalier, correspondant à la campagne de travaux du XVIe s., permet d’accéder à la charpente du transept. Elle est adossée au grand contrefort d’angle nord entre la nef et le transept et couronnée par un toit en poivrière. Le transept, épaulé par de gros contreforts dont certains datent des années 1860, lorsque l’enlèvement des terres du cimetière a désorganisé les maçonneries de l’édifice, s’apparente aux transepts doubles des églises auboises du XVIe s. : des pignons contigus à raison d’un pignon par travée. Ici, s’il y a bien trois pignons du côté nord, au sud la présence de vestiges du transept roman, qui occupe la première travée sud du transept, n’a permis la construction que de deux pignons. Chaque travée de chœur est percée d’une fenêtre en arc brisé dont les remplages d’origine ont disparu lors de l’effondrement des voûtes du chœur et de l’abside à la fin du XVIIIe siècle. Deux autres baies complètent l’éclairage du chœur à l’est. L’édifice se termine par une abside à cinq pans dont les ouvertures sont identiques à celles du chœur. La corniche à modillons continus qui court sous la couverture de la tourelle de l’escalier, des façades est du chœur et du chevet est la seule décoration extérieure de l’église du XVIe siècle. Ce type de décor est courant à cette époque dans la région et on le rencontre dans un grand nombre d’églises, comme à Pouan, Polisot, Auzon-les-Marais ou Gélannes entre autres. Les murs de la construction du XVIe s. sont constitués de moellons jusqu’au niveau des assises des fenêtres, la partie supérieure est en maçonnerie appareillée. La nef composée de quatre travées communique avec les bas-côtés par de grandes arcades en plein cintre qui reposaient primitivement sur des piliers carrés, aujourd’hui englobés dans de grossiers massifs cylindriques peu élevés.

Par manque d’entretien depuis 1791, la couverture et les voûtes du chœur et de l’abside s’effondrèrent pendant l’hiver 1798-1799, détruisant les verrières Renaissance et leurs remplages. Pendant près de vingt ans la partie orientale de l’édifice reste à l’état de ruine et seule la nef romane est utilisée pour les offices. Ce n’est qu’en 1817 que Louis Bayle de Poussey, desservant de la paroisse, restaure le chœur à ses frais, avec l’aide des paroissiens. Les voûtes en pierre d’origine sont alors remplacées par un plafond en bois. Pour pouvoir poser les poutres qui supportent ce plafond, on surélève les piles jusqu’à la hauteur des ogives anciennes dont la naissance est encore en place sur les murs latéraux. Les travaux de l’abside ne sont entrepris que dans les années 1865 par l’entrepreneur Payen, ce dont témoigne l’inscription portée sur l’arc d’entrée du sanctuaire: « 23 mars 1865, Payen« . La voûte de l’abside est achevée en 1898, selon une date portée sur la clé de voûte.

Trois verrières de l’abside représentant le martyre de saint Denis, l’Ascension et l’Assomption, exécutées par les ateliers Erdmann et Kermer, ont été posées en 1865; les deux autres sont garnies de grisailles. L’ensemble des verrières de l’église a été réalisé par les mêmes ateliers ainsi que par la fabrique du Carmel du Mans, Hacher fils, vers la même époque.
La Sauvegarde de l’Art français a donné une subvention de 150 000 F à la commune en 1998 pour la restauration extérieure et intérieure du chœur, qui comprend la réfection des maçonnerie s extérieures du chevet, la reprise de la voûte et des piles engagées à partir des éléments existants, des enduits et des faux joints, la restauration des baies et du doubleau séparant l’abside du chœur.

J.M.

Le projet en images