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Eglise Saint-Just-Saine-Pasteur d’En. C’est dans un paysage grandiose gue se dresse, isolée, à 1 000 m d’altitude, l’ancienne église paroissiale d’En, dans le massif du Canigou.

L’existence d’une paroisse en ces lieux – aujourd’hui déserts -, dont le seigneur féodal était l’abbaye de Saint-Michel de Cuxà, nous renvoie à une époque à laquelle le peuplement de la montagne et, d’une manière plus large, les richesses et les polarités du territoire, étaient tout autres. Une villa Emne apparaît dans les textes dès 864, mais les recensements du Moyen Age  ne créditent  la communauté  gue de quelques feux.

Encore peuplée, sous la Révolution, d’une soixantaine d’habitants,  la  commune d’En  a été supprimée en 1822 ; le village n’a été déserté que plus tard. L’église actuelle est un petit édifice du XIIème  s., typique d’une paroisse « élémentaire » de l’époque romane. Nef unique, voûtée en berceau légèrement brisé, dotée d’une courte travée de chœur et d ‘une abside voûtée en cul-de-four.

Un petit clocher-mur, à deux arcades, aujourd’hui sans cloches, surmonte le mur occidental. La porte s’ouvre, classiquement dans cette région, dans le mur sud, entre deux fenêtres qui éclairent l’édifice avec le renfort d’un oculus appareillé ouvert au-dessus de l’arc triomphal. Cette construction, bien qu’élémentaire, traduit le « deuxième art roman » ; on n’y trouve, en effet, aucun des caractères dits lombards, ni les arcatures ni la construction en moellons caractéristiques du XIème  siècle. Au contraire, les murs (en particulier l’abside) développent un bel appareil presque régulier.

Réduite à un usage épisodique depuis très longtemps, l’ancienne église a été vandalisée et dégradée dans les quarante dernières années.

Vers 1960, elle possédait  encore un retable à panneaux peints, du XVIIème s.; mais seuls ont sur­ vécu, de son mobilier, les objets transportés à temps dans l’église du chef-lieu, Saint-Jacques de Nyer : des deux saints titulaires, deux frères martyrs de Bénarès selon la légende, il n’en subsiste ainsi qu’un seul, en bois polychrome, du XVIème siècle. Également sauvée, l’image de Marie, (la Mare de Déu, comme l’on dit en catalan), de tradition médiévale. A Nyer on conserve aussi les quelques pentures de fer forgé médiévales de la porte de l’église qui n’ont pas été arrachées par les vandales.

C’est avec beaucoup de persévérance que l’association Sant Just-la Roca (dénommée ainsi car elle travaille également à la sauvegarde de l’ermitage de Nostra Senyora de la Roca de Nyer), présidée  par Joëlle Connes, a réussi à inverser un processus que l’on aurait pu croire irréversible. Plusieurs campagnes de chantiers bénévoles organisés par l’association REMPART ont permis de réparer l’église et de couvrir l’abside. La campagne 1997 a été consacrée à la toiture de la nef en dalles de schiste (en catalan lloses), posées sur un lit d’argile selon la technique la plus traditionnelle : c’est pour cette dernière action que la Sauvegarde de l’Art Français a versé à l’association Sant Just-La Roca une somme de 10 000 F.

Un prolongement à ce sauvetage pourrait être le dégagement et la consolidation d’un décor peint, fait essentiellement de motifs floraux, et pouvant dater du XVIème s., qui apparaît sous les écailles des badigeons couvrant la nef.

O. P.

Le projet en images