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Sur un terrain mis en valeur de longue date, la bourgade de Gy, attestée dès le milieu du IXe s, sous le vocable Gaiaco (du patronyme gallo-romain Gaius) possédait dès la période carolingienne deux églises. L’une était celle d’un prieuré bénédictin dépendant de l’abbaye Saint-Sulpice de Bourges ; l’autre devait être réservée à la vie paroissiale sous la titulature de Saint-Éloi.

Cette lointaine dualité explique sans doute l’aspect actuel de l’église Saint-Éloy-de-Gy. Elle est formée de deux édifices parallèles et accolés. Le premier au nord, long de 24 m, comprend une nef, prolongée par un chœur ouvrant lui-même par une arcade sur une abside à trois pans. Cette abside, couverte d’une voûte de blocage en berceau brisé, présente, à l’extérieur, des détails singuliers. Chaque pan est épaulé par des colonnes engagées, d’environ 0,30 m de diamètre, marquées au milieu de leur hauteur par une bague en relief et amorties à leur sommet. La colonne centrale se trouve dans l’axe même du chœur, disposition surprenante. Entre chaque colonne sont ouvertes à mi-hauteur du mur des fenêtres rondes d’un mètre de diamètre, tout à fait insolites. L’observateur, perplexe, se demande s’il n’est pas en présence d’une réfection totale du chœur avec des matériaux de remploi.

La galerie du sud, simple rectangle d’une quinzaine de mètres, terminé par un chevet plat, est mise en communication avec la nef primitive par quatre arcades intérieures.

Chaque nef est couverte par un toit d’ardoise à double pente, porté par une charpente et protégeant un plafond de bois. Sur le toit de la nef sud, près du pignon occidental, s’élève un clocher terminé par une flèche et contenant une cloche fondue en 1757 à l’initiative du curé, ce qui désigne bien la partie paroissiale du double édifice. Les façades nord et sud sont étayées par des contreforts rectangulaires, entre lesquels sont percées des fenêtres identiques, en lancettes ; la fenêtre ouverte dans le chevet plat de la nef paroissiale a conservé un remplage assez rustique. Ces détails, d’ailleurs sans originalité, suggèrent qu’au moment de la construction de l’aile paroissiale (XVIe s. ?), on a voulu donner une certaine homogénéité à l’ensemble de l’édifice ; ce fut probablement dans le même temps que le chœur fut reconstruit et mis en communication par une baie avec l’annexe paroissiale.

La porte d’entrée occidentale, percée dans un avant-corps saillant, lui-même protégé depuis la fin du XIXe s. sous un important auvent en appentis, présente trois voussures en plein-cintre, dont deux sont savamment décorées et retombent sur des colonnettes par l’intermédiaire de chapiteaux ornés de feuilles aplaties sur la corbeille et terminées sous le tailloir par de petits crochets bien dégagés. Ce décor de bonne qualité peut être daté de la seconde moitié du XIIe siècle.

Au cours des travaux d’agrandissement, on prit soin de conserver, en place, d’intéressants éléments du prieuré roman. L’arcade qui marque le passage du chœur à l’abside retombe sur des colonnes engagées, dont les chapiteaux sont ornés de rameaux de vigne entrelacés, portant des feuilles et des grappes de raisin sous un tailloir à redents.

L’église Saint-Éloy-de-Gy a fait l’objet au cours de l’année 2001 d’importants travaux de couverture (reprise des charpentes très endommagées, traitement contre les insectes, réfection des  toitures en ardoises), rendus très onéreux par l’existence de ces toits jumeaux.

La Sauvegarde de l’Art français y a contribué pour 13 720 €.

J.-Y. R.

 

Bibliographie :

A. Buhot de Kersers, Histoire et statistique monumentale du département du Cher, t. VI, Bourges, 1892, p. 220-221.

Fr. Deshoulières, Les églises de France. Cher, Paris, 1932, p. 211-212.

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