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Saint-Rémy-du-Val se situe au nord du département de la Sarthe, à l’ouest de Mamers et au sud de la forêt de Perseigne. La chapelle Sainte-Catherine faisait partie d’un ensemble prieural comportant un logis et une grande salle médiévale (1280-1320). La chapelle actuelle succède, sans doute, à deux constructions antérieures. Elle se compose d’un vaisseau de deux travées, prolongé par une travée droite de chœur et par un chevet à pans coupés. Une étude dendrochronologique indique que la pose de la charpente du chœur et de la première travée orientale de la nef daterait de l’hiver 1513-1514, tandis que celle de la deuxième travée occidentale se situerait trente ans plus tard, entre 1544 et 1554.

C’est Michel Bureau, prieur de l’abbaye mancelle de La Couture, qui est à l’origine de la construction de la chapelle en 1513. Elle se caractérisait par une importante élévation (longueur 12,25 m, hauteur 14,95 m et largeur 8,72 m), qu’il fallut contrebuter par huit contreforts, quatre rayonnants au chevet, deux au milieu des gouttereaux et deux aux angles. Sa voûte sur croisée d’ogives semble avoir reçu un décor en fausses coupes de pierre. Le joyau de la chapelle était le retable sculpté de l’autel majeur, œuvre de Guillaume Regnault (entre 1522 et 1527). Il avait été commandé par l’archevêque de Tours, abbé commendataire de l’abbaye de La Couture, Martin de Beaune de Semblançay. Guillaume Regnault (1450-1532) appartenait au cercle de Michel Colombe. La prédelle et les pilastres entourant le retable étaient ornés, à l’ordinaire, pourrait-on dire, de rinceaux, d’angelots, d’animaux fantastiques, de bouquets de fleurs, mais aussi des armes de la famille de Beaune de Semblançay ; l’entourage des trois niches s’amortissait en coquilles. On sait qu’une statue de sainte Catherine ornait l’une des niches. Les moulures du socle du retable et de la table de l’autel étaient de qualité ; à droite de l’autel avait été creusée une piscine liturgique.

L’allongement de la nef, dans les années 1544 et 1545, correspond à l’abbatiat d’Adam Fumée (1527-1546) puis de son neveu, Nicolas Fumée, qui succéda à son oncle lorsque celui-ci passa à Genève où il adopta la religion réformée. Cet agrandissement consista à avancer le mur occidental que l’on contrebuta par quatre contreforts en grès roussard (matériau très sarthois) et en calcaire. Un escalier à vis fut logé dans un contrefort. Deux portes donnaient accès à la chapelle : une à un battant pour l’abbé, sur le mur gouttereau nord, l’autre à deux battants, au milieu du mur pignon. Cette dernière était surmontée d’une baie à trois lancettes, de type flamboyant, comme l’entrée occidentale.

Le dernier chapelain mourut avant 1620. Les archives témoignent de la dégradation des bâtiments au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Vendus comme bien nationaux, ils furent acquis en 1805 par un laboureur qui transforma la chapelle en bâtiment agricole. Il n’en demeure aujourd’hui que le volume.

La restauration de l’ensemble de l’ancien prieuré et de la chapelle a été l’œuvre de l’Association de Sauvegarde du domaine médiéval des Moullins. Un descriptif très précis a été établi pour la chapelle Sainte-Catherine en 2014, explicitant les vingt-cinq ans de restauration ; le logis abbatial avait été restauré, en effet, dès 2005. La Sauvegarde de l’Art français a accordé, en 2015, un don de 25 000 € pour les travaux de couverture de deux travées de la chapelle.

Françoise Bercé

 

Bibliographie :

« Moullins, changement de cap pour un logis », La Demeure historique, n° 103 (plans et coupes de l’architecte Lucyna Gautier-Zielinska).

Le projet en images

Chapelle Sainte-Catherine du logis de Moullins, plan au sol de Mme L. Gautier-Zielinska, arch. du Patrimoine