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Ancienne église prieurale dépendant de l‘abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, l’église de Vindelle, devenue paroissiale, est placée sous le vocable de Saint-Christophe, vraisemblablement en raison de la situation géographique du prieuré situé sur une boucle de la Charente. La fondation du prieuré intervient avant le premier tiers du XIe siècle, grâce à la donation faite au monastère de Saint-Amant-de-Boixe par le comte d’Angoulême Guillaume IV Taillefer, donation complétée par celle de l’évêque d‘Angoulême.

Construit en pierres de taille, l’édifice se remarque par la qualité de son appareil à assises régulières. Il se compose d’une nef unique et d’un transept dont seul le bras nord a été réalisé et se termine par une abside semi-circulaire. Le croisillon nord ouvre à l’est sur une absidiole voûtée en cul-de-four et éclairée par une baie d’axe. Un puissant clocher carré domine la croisée du transept. Il est percé au nord et au sud de très élégantes doubles baies géminées en plein cintre dont les arcs retombent sur de fines colonnettes à chapiteaux. Quant au chevet, il développe avec l’absidiole du croisillon nord des volumes élégants : l’appareil, qui présente une alternance d’assises régulières, s’allie avec le décor soigné de la corniche à modillons – à décor de têtes d’animaux dans l’abside – pour témoigner de la qualité de la construction. Des contreforts plats scandent ces volumes. La façade occidentale, haute et étroite, est bornée de part et d’autre par deux puissants contreforts plats qui s’élèvent jusqu’à la corniche à modillons et entre lesquels s’inscrit le portail, encadré, de chaque côté, par une arcature haute et aveugle. Un simple cordon à billettes surmonte l’unique rouleau plein cintre de la porte d’entrée.

De la première période de construction de l’église font partie les murs de la nef datés du XIe siècle : en témoignent l’appareil et les petites ouvertures hautes et étroites. La deuxième campagne de travaux, située entre 1120 et 1140, permit la réalisation du chœur et la reprise de la croisée qui était alors la première travée de la nef. La façade occidentale semble dater de  cette campagne. À cette époque, on entreprit aussi de voûter la nef : seule la première travée fut couverte d’un berceau plein cintre. Cette période d’agrandissement, qui marque un tournant important dans l’histoire de l’édifice, l’inscrit dans un mouvement général de « reconstruction au XIIe s. » dans la région et le lie à des édifices de la Charente, comme Balzac ou Claix. Dans le prolongement de ces travaux, une décennie ou deux plus tard, fut réalisé le bras nord du transept, voûté d’un berceau plein cintre et poursuivi à l’est par une absidiole voûtée en cul-de-four. Le bras sud ne put être réalisé en raison de la présence des bâtiments du prieuré. Enfin l’église subit des restaurations au XIXe s.,  époque à laquelle on sculpta certains des chapiteaux de la croisée.

Le volume élevé et étroit de la nef caractérise l’élévation intérieure. Les murs ont été renforcés par de grandes arcatures aveugles qui  retombent sur des pilastres plats. Certains s’élèvent jusqu’à la corniche chanfreinée qui supportait la voûte en bois, aujourd’hui déposée. Cependant la première travée de la nef, la plus proche de la croisée, est, pour sa part, voûtée en berceau plein cintre et ses murs sont nus. La différence de traitement des travées de la nef témoigne d’une interruption dans le chantier de voûtement. Quant à la croisée du transept, elle est couverte d’une coupole sur trompes. On remarquera les demi-colonnes engagées qui, à chaque angle, soutiennent les doubleaux. L’abside, voûtée en cul-de-four, est éclairée par trois baies à colonnettes. Leurs chapiteaux évoquent ceux de la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême.

Pour la restauration  du bras nord du transept, tant au niveau de la maçonnerie que de la couverture, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 5 300 € en 2002.

É. G.-C.

 

 Bibliographie:

Arch. dép. Charente, série H IV, fonds de l’abbaye de Saint-Amant-de Boixe : titres, terriers, état de l’église et entretien…

Abbé J.-H. Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris, 1844, p. 37. (Réimpression Paris, 1980.)

Abbé J. Nanglard, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, Angoulême, 1894-1900.

Abbé J. Nanglard et J. de La Martinière, « Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, évêque d’Angoulême », Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, 7e série, t. 5, 1904-1905, passim. (A part : Angoulême, 1906.)

J. George, Les églises de France. Charente, Paris, 1933, p. 286.

A.Debord, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, Poitiers, 1982, passim (Société archéologique et historique de la Charente).

Élie Zajac, Nathalie Lenoir, Béatrice Prieur, « L’église Saint-Christophe de Vindelle », étude de l’UFR d’Histoire de l’art, Université de Bordeaux 3.

 

Le projet en images

Église Saint-Julien à Méracq (64), plan

Église Saint-Julien à Méracq (64), plan