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L’église de l’immaculée Conception, située sur la voie romaine de Troyes à Auxerre, se dresse au centre du village. Jusqu’en 1521 elle était une succursale de celle de Saint-Phal, du diocèse de Troyes, et était desservie par un vicaire. À cette date, une convention, passée entre le seigneur et les habitants de Chamoy d’une part et le curé de Saint-Phal d’autre part, permet l’érection de Chamoy en paroisse succursale. L’église primitive, incendiée en 1501 par les troupes du maréchal d’Aumont, a été partiellement reconstruite entre 1516 et 1521 sur le plan des églises-halles alors en vogue dans la région troyenne. À cette époque ont été élevés le chœur à cinq pans, les deux dernières travées de la nef, la sacristie et la chapelle seigneuriale sud. La dernière travée de la nef correspond au transept primitif dont les bras ont été détruits en 1809. La partie ouest de la nef, le porche et le clocher qui le surmonte sont l’œuvre de l’architecte troyen Bert qui travailla à Chamoy de 1828 à 1830. L’abside, épaulée par deux puissants contreforts, est éclairée par trois baies en arc brisé à remplages flamboyants. Les deux travées Renaissance de la nef sont séparées par de gros contreforts et percées chacune d’une haute fenêtre qui monte jusqu’à la couverture. Au sud, le réseau des fenêtres est flamboyant, tandis qu’au nord la fenêtre de la travée est dessine un portique en plein cintre, conforme aux canons de la Renaissance. Au nord et au sud, deux modestes portes flamboyantes donnent accès à l’édifice. Le linteau droit de la porte nord s’incurve dans les angles et la porte sud est surmontée d’un arc en anse de panier qui repose sur des piédroits à bases prismatiques. La façade ouest moderne est percée d’un portail surmonté d’un fronton triangulaire et éclairée par deux fenêtres en plein cintre. La corniche de la souche du clocher est décorée de consoles et, au-dessus, une balustrade court sous le campanile couvert d’ardoises. Les piles ondulées de la nef et les piles engagées du chœur n’ont jamais reçu les voûtes pour lesquelles elles avaient été élevées ; le plafond, fait d’un simple assemblage de planches de bois, s’appuie directement sur la partie haute des supports tronqués. Ces piles, qui reposent sur de hauts soubassements prismatiques, sont ornées aux deux tiers d’une forte mouluration scandée de cartouches vierges. Seule la sacristie nord est voûtée. Le grand intérêt de cet édifice inachevé réside dans la richesse de l’exceptionnel décor des piles et des retables qui couvrent les murs est de la chapelle seigneuriale au sud, et de la chapelle Sainte-Anne au nord. Au XVIe s., le développement du culte des saints a multiplié les statues placées dans des niches implantées dans la contre-courbe des piliers ondulés ; ici les piles isolées et engagées sont garnies de niches dont les supports et les dais allient des motifs flamboyants et Renaissance : coquilles, candélabres, architectures, feuillages, choux frisés… Seule la pile sud a conservé ses statues d’origine en pierre, un saint Sébastien et un Ecce homo. Le mur est de la chapelle sud est entièrement couvert par un retable de pierre à trois étages qui porte la date de 1539. La partie basse et la partie moyenne sont scandées de pilastres qui déterminent trois compartiments ; le compartiment central est surmonté par un arc en plein cintre et l’ensemble par un tympan sculpté d’architectures, de feuillages et de médaillons, qui ménage une haute et étroite niche. La clôture de la chapelle, contemporaine du retable, est ornée de petits médaillons fleuris portant les armes des seigneurs de Chamoy, François de la Roëre et Henri Raguier. Le retable nord, plus modeste, est constitué d’une frise de coquilles reposant sur des pilastres engagés. Sous les fenêtres court un large bandeau sculpté orné de rinceaux, grappes et feuillages. De nombreux objets mobiliers du XVIe s., protégés au titre des Monuments historiques, sont conservés dans l’édifice : piscines ornées de coquilles et de putti, fonts baptismaux, châsse en bois ; statues en pierre : Vierge à l’Enfant, Pietà, saint Roch, saint Nicolas, saint Côme et saint Damien, statue en bois de l’Éducation de la Vierge ; deux toiles : une Annonciation du XVIIe s. et Jésus chez Marthe et Marie du XVIIIe siècle. Les bancs de la nef, datés de 1735, complètent cet ensemble. Les fenêtres du chœur et de la chapelle sud conservent quelques fragments de vitraux Renaissance à décor de cuirs découpés et un ensemble exceptionnel de verrières géométriques du XVIIe s. dans lesquelles viennent, comme c’était alors la mode, s’enchâsser les armoiries de François de la Roëre, de sa femme Hilaire Raguier et de Marguerite d’Aloigny, veuve de Louis Largentier de Chapelaines, bailli de Troyes de 1613 à 1629. La dégradation des maçonneries,  pierre et brique du chœur, et le mauvais état de la charpente et de la couverture ont incité la commune à entreprendre des travaux de restauration sur cette partie de l’édifice. En 1999, la Sauvegarde de l’Art français a attribué une subvention de 150 000 F pour contribuer à ces travaux.

  1. M.

 

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